Durant pratiquement une semaine, Déméter s'était fait torturé. Il essayait de ne pas hurler, de ne pas crier au monde sa rage et sa douleur. Et malgré toute la souffrance qu'il ressentait, il ne faiblissait jamais. Depuis qu'il avait rejoins les résistants quand ils avaient quitté l'école de sorcellerie, il ne vivait que pour la cause dans laquelle il s'était investi avec tant d'ardeur. C'est en voulant rejoindre ses amis en France qu'il a été attrapé par les brigadiers accompagné de son meilleur ami, Hatos, obligé de l'abandonner alors qu'il avait été gravement blessé. Le sort tragique de celui-ci ne faisait que le torturer encore plus, le souvenir de celui-ci agonisant au sol ne faisait que lui revenir en mémoire, le frappant à chaque fois un peu plus. Il avait tenu bon, durant sept jours, sans jamais révéler ne serait-ce qu'une seule information aux ennemis. Finalement, on était venu le délivrer, le libérer de son sort si lamentable, de la situation précaire dans laquelle il était tombé. Aujourd'hui, c'est son grand retour. Le sourire aux lèvres, le cœur battant, il a l'espoir de revoir son ami en vie. On lui a dit qu'il avait été récupéré, lui aussi. Même si son état ne laissait présager rien de bon. Au moins, ils pourraient passer un moment de plus, entre meilleurs amis. C'est déjà cela de gagné, et c'est déjà une grande victoire après tout. Déméter pourra lui dire au revoir, un dernier au revoir avant qu'il ne parte vers un endroit plus beau, vers un avenir meilleur. « Hey.. » lance-t-il à l'encontre de son ami, allongé sur un lit blanc comme ceux dans les hôpitaux moldus. Son teint est livide, son faciès est si tiré, si fatigué qu'il se demande s'il pourra se réveiller si jamais il s'endort.. Le brun a peur. Il a encore plus peur que lorsque son géniteur le punissait, l'insultait, le rabaissait. Parce qu'il sait au fond de lui, il sait que Hatos finira par mourir, par lâcher son dernier soupir. L'ancien poufsouffle se redresse en gémissant légèrement de douleur. Les brigadiers n'ont pas eu de remords à malmener son corps à l'aide de maléfices. Le fils Rowle essaye de sourire, un sourire qui ressemble plus à une grimace qu'autre chose mais il s'en fiche. Il veut profiter de ces derniers moments en compagnie de son compère. « Tu sais, t'as vraiment une sale gueule. » Une pique gentillette de Hatos qui essaye de faire de l'humour, l'atmosphère est pesante, lourde d'appréhensions. « T'as pas vu la tienne alors, c'est deux fois pire. » Il lâche un léger rire qui sonne comme nerveux avant de s'asseoir sur le lit, poussant légèrement et avec précaution son ami. « Tu prends de la place en plus. Le régime, tu connais pas ? » Son sourire persiste, un sourire triste mais vrai parce que finalement, Déméter est heureux. Heureux de retrouver celui avec qui il avait passé des heures à embêter d'autres élèves en cours de potions, avec qui il s'était endormi maintes fois en cours d'histoire de la magie, avec qui il avait passé ses journées à faire leurs listes d'objets à acheter au magasin de Georges et Fred Weasley, préparant de nombreux coups pour faire des farces. Les jumeaux avaient été des mentors pour eux, gamins qu'ils avaient été un jour mais qu'ils n'étaient plus. « J'ai peur, tu sais.. » Le silence s'est installé comme le froid en hiver, aussi mordant que celui-ci, c'est finalement le jaune qui le brise. Sa voix sonne quelque peu brisée, il n'y a pas de joie dans la phrase qu'il vient de prononcer. Tous les sentiments qui l'habitent le détruisent peu à peu. Et ça fait mal de voir ça, de voir un si brave guerrier s'éteindre peu à peu. « Moi aussi.. » Et Déméter agrippe la main du blond à ses côtés, il la serre d'une telle force qu'il risque de la briser. « Tu sais, Hatos.. Tu as été l'une des meilleures personnes que j'ai eu la chance de rencontrer.. » La sienne, de voix, tremble comme un arbre agité par le vent. « Et le plus courageux des soldats que je connais. » Sa lèvre inférieure tremble encore plus que sa voix. Il se force à ne pas pleurer mais les sentiments le submergent si vite qu'il a beaucoup de mal. Il souffre lui aussi, mais de chagrin. Il ressent déjà la perte de son ami qui lui perce le cœur, le mitraille de toutes parts. « Puis tu sais, tu seras bien mieux ailleurs qu'ici.. Tu rejoindras ta famille, tu reverras Wendy.. » Wendy, une née-moldue, celle que son ami avait chéri plus que tout et continuerait de chérir même après sa mort. Elle était morte, depuis au moins un an. Rien à voir avec leur combat. La maladie qui l'avait emportée comme des déchets emportés par l'eau. « Et puis comme ça.. Tu veilleras sur moi, hein ? » Il fixe son ami, de ses yeux larmoyants alors que le blondinet hoche sa tête avec un sourire, les yeux mi-clos. Il sent déjà la fatigue prendre possession de son corps, la douleur partir lentement mais sûrement. « Bien sûr.. » Sa voix est faible, presque inaudible. Sa poitrine se soulève plus lentement qu'auparavant. « T'es ma famille, mon frère. » continue Déméter en se mordant la lèvre inférieure, luttant contre le chagrin qui l'enveloppe dans sa toile destructrice. « Mon frère... » lâche en un dernier souffle Hatos, fermant ses yeux, son myocarde s'arrêtant d'un seul coup après cette dernière parole, tombant dans le néant, dans les bras de Morphée pour toujours. Ces deux mots scellent à jamais ce dernier moment, cette amitié si grande, si bénéfique pour Déméter. Il sent son cœur s'effriter, se morceler et il se lâche. Il commence à sangloter et il se fiche bien de savoir que pleurer n'est pas pour un garçon. A ce moment précis, il se fiche de tout, il ne fait que fixer le corps inerte de son ami et il ne fait que pleurer comme pour évacuer toute sa peine, comme un échappatoire auquel se retenir pour ne pas sombrer. Sombrer dans une douleur suffocante, incapable de s'en retirer, incapable d'y échapper.. Omniprésente. Son cœur s'enflamme et il n'a jamais ressenti une aussi grande douleur que celle qui l'accable à ce moment précis.

Après cette douloureuse perte, il n'a jamais cessé de combattre. Allant d'endroits en endroits. D'abord la France, maintenant le manoir de Shafiq. En mémoire de toutes ses pertes, il se battra. En mémoire de son meilleur ami, il se battra qu'importe si à la fin, sa vie est prise également. Il ne cessera jamais de combattre. Jamais.