« Wood est un excellent Gardien. Vraiment excellent. Très difficile de marquer avec lui…très difficile…OUI ! INCROYABLE ! Il A RÉUSSI À BLOQUER ! » La jeune fille qui n’en est plus à son coup d’essai sourit. Il y a plus de deux ans, elle marquait son premier but dans un vrai match de Quidditch. Dommage que les parents d’élèves ne puissent assister aux matches. Dommage que les Bell ne puissent voir les prouesses de leur petite Kitty Kat, petite certes pourtant aînée de sa fratrie et véritable boule d’énergie depuis toujours. Si elle avait raté le titre de plus jeune joueuse de l’équipe des lions lors de sa sélection, c’est seulement que le fameux Harry Potter l’avait lui aussi rejoint alors qu’il n’était qu’en première année. Mais la lionne s’en moque. Elle n’a jamais voulu la gloire. Elle joue pour l’adrénaline, pour la vitesse, pour vivre quelque chose de fort avec les autres membres de l’équipe. Au bout de quelques semaines déjà Alicia et Angelina les deux autres poursuiveuses étaient devenues ses très bonnes amies. Et dire qu’elle avait un peu redouté son entrée à Poudlard. Dire qu’elle avait eut peur de ne pas s’intégrer. Elle n’avait pas eu besoin de rejoindre l’équipe pour se faire de nombreux amis parmi ses camarades de maison. Ni pour prouver la légitimité de sa répartition. Le Choixpeau n’avait pas hésité et quand on la connaissait un minimum, on voyait pourquoi. Le Souafle étant remis en jeu après le bloquage de Oliver elle fonça à sa poursuite. « Gryffondor à l'attaque, non, Serpentard à l'attaque... Non, Gryffondor, avec Katie Bell en possession du Souafle, elle file vers les buts…OH ! IL L’ONT FAIT EXPRÈS !» Filant à toute vitesse, prête à faire la passe à Angelina, celle que tout le monde surnommait Katie depuis qu’elle avait foulé les dalles de l’école n’avait pas vu Montague s’approcher. Mais quand bien même elle l’aurait vu, pas une seconde elle aurait cru qu’au lieu de chercher à tacler le Souafle de ses mains, il s’en prendrait plutôt à sa tête. Lâchant le Souafle, pour ne pas lâcher prise de son balais et risquer une chute qui ne la tentait pas du tout, quand le poursuiteur adverse laissa son crâne en paix la brunette fit un tonneau qui manqua tout juste de la faire glisser de son balais. À peine stabilisée, elle poussa un soupir de soulagement. Gardant pour elle le signe obscène qu’elle aurait bien voulu adresser au Serpentard, elle adressa un sourire et un signe de tête à ses coéquipiers. Un coup de sifflet retentit dans ses oreilles, on reconnait la faute de Montague et on lui accorde un pénalty. Une minute après son tonneau impressionnant, elle marque dix points pour son équipe. « TRENTE À ZÉRO ! BIEN FAIT POUR VOUS BANDE DE SALES TRICHEURS… » Et Lee Jordan de se faire remonter les bretelles par McGonagall pour son manque d'impartialité. L'adolescente ricane. Elle en a tellement vu en deux ans de Quidditch ! Et bien qu’ayant juste eu un instant très critique, elle s’en remettait facilement. Après tout, pendant son premier match, elle avait reçu un Cognard en pleine nuque et avait continué à jouer. Et quelque chose lui dit que ceci ne sera pas le dernier incident de quidditch qu’elle aura. Pourtant, pour rien au monde elle ne quitterait l’équipe, pas même pour l’obsession agaçante de Wood pour la coupe.  Et elle fait bien de persévérer car sur le geste final de leur attrapeur, Gryffondor finit par gagner le match…et la fameuse coupe.


« Bell, Acceptable. » Elle attrapa la copie que le professeur lança presque sur son bureau, une expression impassible sur le visage. Elle aurait espéré un petit peu mieux de ce devoir, mais en même temps avec le match de Quidditch contre les Serpentard qui était tombé le jour avant la date butoir, elle avait du revoir ses priorités. Les cours étaient importants, le Quidditch l'était plus. Néanmoins un "A" était une note correcte et elle haussa les épaules en rangeant sa copie dans son sac. La prochaine fois elle ferait mieux et demanderait peut-être un coup de main à quelqu’un de plus âgé, comme Alicia. Elle aimait bien les sortilèges, mais un peu d'aide serait la bienvenue surtout pour  la théorie. « Je pense pas avoir dit de ranger ses affaires ? » lança soudain le professeur et elle du relever les yeux pour réaliser qu'il s'adressait à elle. Faisant un effort considérable pour réprimer un soupir elle ressortit sa plume et un morceau de parchemin de son sac avant de hausser les sourcils à l'attention de l'enseignant. La cloche allait sonner deux minutes plus tard, elle trouvait ça ridicule de les retenir alors que le cours était clairement terminé et qu'il rendait les devoirs. « Avec le sourire c'est mieux miss Bell. » fit-il apparemment amusé. Elle lui lança un parfait sourire forcé et il se retourna vers un autre élève pour lui rendre sa copie. Levant les yeux au ciel, Katie fit une jolie grimace dans le dos du professeur, entrainant les rires de ceux de ses camarades qui l'avaient vu. Passer du temps avec les jumeaux Weasley semblait déteindre sur elle. Le professeur finit par clore le cours et l’adolescente ne se fit pas prier pour quitter la salle. « Eh Katie ! » Elle s’arrêta pour permettre à son camarade de la rejoindre. « Tu vas à Pré-au-Lard le week-end prochain ? » Elle se mordilla là lèvre. « Non. Enfin oui, mais j’ai déjà quelque chose de prévu. » On venait de l’inviter à une espèce de réunion. Elle n’avait pas eu trop de détail mis à part l’heure et le lieu de rendez-vous - la tête de Sanglier -, ayant simplement saisit du sujet de la rencontre qu’il s’agissait de réunir les ennemis d’Umbridge. Et Katie en faisait définitivement partie. Ayant décidé après ses B.U.S.E.S de continuer les cours de Défenses Contre les Forces du Mal au vue de ses résultats plus que respectables dans cette matière, elle avait été fortement déçue de l’approche exclusivement théorique de la nouvelle enseignante. Sans compter que sa sévérité lui hérissait les poils et que son excès de rose bonbon lui donnait une envie de vomir plus puissante que n’importe quelle pastille de gerbe des Weasley. « Une prochaine fois ? » fit-elle en battant des cils.


« Kat ? Katie ?! KATHRYN ? Tu m’entends ? » Lullaby Bell hésita à secouer sa fille, le médicomage du service de pathologie des sortilèges étant encore dans la pièce. Comme si le message d’urgence envoyé depuis Poudlard, ni son transfert à Sante-Mangouste n’avaient pas été suffisant pour pousser à bout toute mère aimante, sa fille était parfaitement inconsciente et livide sur son lit d’hôpital. La raison derrière tout ça restait encore bien flou: on ne savait pas vraiment ce qui lui était arrivé. D’après les professionnels de la médecine sorcière, elle avait touché un objet ensorcelé. Seul le fait que des témoins, dont la meilleure amie de Katie, Leanne et le Survivant et ses deux acolytes aient été prévenir un professeur de Poudlard rapidement avait permit d’éviter la mort certaine de sa fille aînée. Et pourtant à en juger par son état, Katie était encore loin d’être sauve.


« Ce collier… tu te souviens, maintenant, qui te l'a donné ? » « Non. Tout le monde me le demande mais je n'en ai aucune idée. La seule chose dont je me souvienne, c'est d'être entrée dans les toilettes des Trois Balais. » À peine de retour à Poudlard après des mois d’absences passés en soin intensif à Sainte-Mangouste, Katie n’a pas fini de recevoir de l’attention, de la part de ses camarades cette fois qui sont remplis de curiosité. Elle aurait bien aimé pouvoir les satisfaire, mais elle n’a pas la moindre idée de ce qui lui est arrivé. Elle ne peut que croire les professionnels sur parole quand ils lui disent qu’elle a été soumise à l’impérium, que le collier qu’elle aurait du livrer était maléfique et qu’il a faillit la tuer. Elle ne peut que croire Leanne quand elle lui raconte qu’elle a lévité de façon bien étrange avant de hurler et de tomber lourdement au sol, se tortillant comme une forcenée. Ce qu’elle peut dire avec certitude en tous cas, c’est qu’elle évitera d’aller visiter des toilettes publiques seule à l’avenir. Mais déjà alors qu'après avoir ré-itéré son assurance que tu ne savais absolument rien, affirmant, parce que c'était vrai, que ses seuls souvenirs remontaient à tout juste quinze jours auparavant,  elle quittait la Grande Salle pour aller en cours, Katie avait d’autres soucis en tête. Ayant conscience d’avoir raté la partie la plus importante de sa dernière année, elle allait certainement rater ses A.S.P.I.C.S et plutôt que de trimer pour sauver la mise et ne s’en sortir qu’avec des As, elle préférait dès maintenant décider de refaire sa septième année. Une année de plus à Poudlard ne la dérangeait pas, malgré ce qui avait pu lui arriver durant sa scolarité, Poudlard c’était chez elle.



« Maman, Papa ? Lena, Meg ! » Katie surgit dans la maison, baguette droit devant elle, une balafre légère sur sa joue. « Kat ? Qu’est-ce que tu fais là ? » sa mère apparaît en haut des escaliers, sa robe de chambre visiblement jetée sur elle dans sa hâte de retrouver la source de tout ce bruit. Katie réprime un sanglot en voyant à quel point sa mère a maigri. « J’ai pas le temps d’expliquer, fais tes valises et celles de papa. Vite ! » Personne n'est à leur trousse, pas pour l'instant en tous cas, mais elle préfère en faire trop que pas assez. Et elle se précipite justement à l’étage pour réveiller ses sœurs et les aider à se préparer. Si elles sont surprises de voir leur aînée à la maison et non à Poudlard, elles ne disent rien au vu de la gravité du visage de la brunette. « Kat ? Pourquoi t’es toute paniquée ? » Elle s’arrête dans son geste prenant le temps d’étudier le visage de sa cadette. Ni elle ni Margaret n’auraient l’occasion d’aller à Poudlard. Au moins si son plan fonctionne comme prévu, elles auraient une vie meilleure. « Je suis pas paniquée Lena, on est juste un peu pressés. » Elle se force à sourire et reprend sa tâche, jetant des vêtements chauds dans un sac de voyage. « On va où ? » lance Margaret de sa petite voix. « On part en voyage, habillez-vous maintenant les filles. » Elles obéissent malgré leur souci évident.

Dix minutes plus tard tout le monde était en bas, habillés, prêts à partir. « On va où ? » Kathryn soupire, elle aimerait savoir répondre avec précision, mais elle n’en avait aucune idée. Elle avait tout décidé sur une impulsion et l’intuition que pour quitter le pays, c’était maintenant où jamais. Enfin une intuition fortement guidée par les dires de ses amis. Il fallait qu'elle fasse tout ce qui était en son pouvoir pour aider sa famille. Elle avait voulu revenir chez elle dès qu’elle avait appris que sa famille avait été torturée, malheureusement elle était coincée à l’école. Quand la révolte avait éclaté, elle avait fuit sans hésiter, sans même prendre part à la bataille bien qu'elle aurait voulu. Elle avait laissé ses amis derrière, mais sa famille en valait la peine. Elle ne pouvait pas se battre en sachant qu'il y aurait des répercussions pour eux. « En France. » Pause. « Pour l'instant. On verra après. »



Lâche. Elle se retourne dans ses draps sombres pour la énième fois. Des sueurs froides traversent son échine et elle réprime un frisson. Je suis désolée. Elle l’est. Elle change à nouveau de position semblant étouffer sous ses draps pourtant légers. Elle sent son cœur s'emballer dans sa poitrine et elle tente de calmer sa respiration. Ils lui manquent, terriblement. Tant ses parents, que ses sœurs, que ses amis. Personne n’est là. Les Bell sont à l’étranger sur sa propre initiative quant à ses amis ils sont parsemés au Royaume-Uni ou ailleurs. Sans compter ceux qui ne sont plus. Elle a eu la chance d’échapper au spectacle douloureux de l’exécution de son camarade de maison et de Quidditch, Harry Potter étant occupée à l’époque à aider sa famille à s’installer en Italie. Non que la nouvelle fut facile à entendre à son retour en Angleterre. Elle n'avait peut-être jamais été très proche du Survivant, mais elle l’avait côtoyé, il avait été le chef de l'AD, son coéquipier, puis son capitaine et surtout il avait représenté une cause qui semblait morte sans lui. Bien sûr, elle ne faisait que sembler l’être, autre cause de ses sueurs froides. C’était bien avec l’espoir que la Résistance n’était pas morte qu’elle était revenue en Angleterre et pourtant nombre de fois elle se prenait à regretter que les gens n’aient pas abandonné. Elle se retourne encore une fois. Elle hait toujours autant le Lord. Elle en a aussi peur que jamais. Elle veut le voir tomber, mais elle ne veut plus voir de sang. Au fond elle est contente que les vieux fantômes du passés ne viennent pas plus la hanter que ça. Qu’elle n’ait pas à voir le visage d’Hermione jour après jour. Ou pire les jumeaux. Ces farceurs déjantés avec qui elle a pu tant rire au collège. Ceux à qui elle n’en a jamais voulu de lui avoir donné le mauvais côté d’un Nougat Néansang alors que leur petit frère lui avait déjà cassé le nez pendant un entrainement. Ceux qui avaient toujours su détendre n’importe quelle atmosphère. Et le coup de grâce bien sûr: Angelina. Merlin seul sait comment elle a pu assister seule à ce bain de sang. Comment elle a fait pour ne pas tomber dans l’hystérie, pour ne pas se perdre. Ou peut-être qu’elle s’est perdue justement. N’est-elle pas folle de parfois sourire du fait qu’elle n’ait pas à supporter le regard déçu de ses amis, de Cho par exemple, qui la verrait se plier comme elle le fait au régime ? Parfois quand elle se réveille elle arrive à croire pendant un moment que tous les évènement suivant la révolte à Poudlard ne sont jamais arrivés. Pendant une demi-seconde, elle peut croire que c’est un rêve, elle peut oublier. Et puis elle doit ouvrir les yeux, réaliser que nombre de ses camarades de Poudlard sont morts ou recherchés. Et elle doit prétendre que ça ne la touche pas, que la vie continue normalement quand bien sûr rien ne va. Revenir n’a pas été facile, ça ne s’est pas fait sans payer un certain prix…traumatisant. Vendre Leanne et deux ou trois autres aux autorités, priant pour qu’ils soient en fait déjà morts, juste pour avoir accès à une  vie décente avait manqué de la rendre folle. Ayant joué les laquais dans les bureaux de la Gazette des sorciers pendant un moment, elle est enfin reporter. Un métier qui aurait pu lui plaire si le journal n’avait tant été porté sur la propagande, quoique certes moins que le Basilic. Un métier qu’elle tolère simplement parce qu’elle a bon espoir de récolter des informations pour les rebelles, chose qu’elle a déjà fait plus d’une fois. Elle se force à croire que ça peut faire une différence, elle se force à croire que Neville et son groupe peuvent changer la donne. Avec un peu de chance…Mais la chance elle n’y croit pas vraiment. Elle n’en a jamais eu beaucoup. Certes elle est vivante et elle a réussi à sauver sa famille, mais c’est tout le positif qu’elle réussit à tirer de sa vie. Alors qu’elle se recroqueville, ses doigts effleurent l’une des minces cicatrices qui parsèment son corps, cadeaux des Carrow à l’époque. Elle ferme les yeux pour empêcher ses larmes de couler. Elle ne veut plus se battre. Lâche. Et elle est désolée d’abandonner. De se contenter du peu d’aide qu’elle apporte. Elle ne veut plus de guerre ouverte. Néanmoins c’est bien ce mince espoir inavoué que peut-être les choses peuvent encore changer qui lui permet de se lever le matin et de ne pas s’enfoncer plus profondément dans un tourbillon de désespoir. Ca fait plusieurs années, mais son traumatisme ne l’a pas quittée.