Le coup part sans prévenir. Ton poing heurte une joue déjà boursoufflée, salement amochée. Le corps de l’hybride n’est pas en meilleur état ; un des bras forme un angle inquiétant et étrange. Le regard reste cependant bravache, jamais à terre, jamais vaincu. Tu soupires, exhalant une longue traînée blanchâtre qui vient se joindre au souffle erratique de ta victime. Ta cible. La lune éclaire une scène d’un rouge surréaliste. Cinq cadavres sont éparpillés de-ci, de-là, cinq hybrides dont les poils trop longs prouvent leurs gènes lupins. Tes compères sont depuis longtemps parti, ne reste que toi, et lui. Ta cible. Ta victime.

Encore un coup qui part, encore ces yeux qui ne se baissent pas, cet être qui ne se soumet pas. Doloris, doloris, doloris murmurent tes lèvres, chante ton âme, célèbre ta baguette. Mais ça ne suffit pas. Tu ne te retiens pas, mais tu n’y vas pas franchement non plus. Un juste milieu pour savourer ce corps offert par le Maître des Ténèbres à toi, brave petit soldat. Tu sais que personne ne vous dérangera, pas ici, pas maintenant. Tu sais que tu as tous les droits sur lui, sur cette chair marquée du sceau de l’infamie, sur ces mains ayant saboté le train de Poudlard pour qu’il dévie vers un endroit encore inconnu. Chaque année, à chaque rentrée, ça ne loupe pas. Vous vous y êtes habitués. Vous savez que début septembre signifie une rafle de plus, une occasion de s’amuser sans aucune barrière, sans aucune prohibition. Une petite fête secrète entre les membres les plus fidèles et les plus dépravés dont tu fais joyeusement parti. Alecto aussi. D’ailleurs, tu sens son regard quelque part dans le noir qui vous entoure, toi et ta victime, ta cible. Tu sens sa présence encourageant tes actes. Tu aimes ça. Elle aime ça, le voyeurisme. Alors tu te délectes à décomposer tes mouvements, à faire ça lentement, à faire monter toute cette pression, toute cette souffrance, amoureusement, jusqu’à ce que son regard à lui, cette saloperie d’hybride, en soit teinté de folie. E ça ne loupe pas. Doloris… Et ça y est, il hurle enfin. Putain que tu adores ce cri. Tu prends ton pied, tu accentues le trait de ta baguette sur sa peau, son ce cou délicat. Tu le poignardes, lui arrachant un téton. Le sang coule, un sang impur, un sang qui te dégoûte et te fascine à la fois. Il hurle, hurle, hurle et tu ris, ris, ris. Ton rire répond à son hurlement, ton sourire est pire encore que ta lame.

Alecto est là, tu la sens, quelque part. Elle s’éloigne, se rapproche, alors que s’éloigne, se rapproche ta jouissance. Ca y est, tu vas jouir de ces cris, de ces Doloris que tu cries plus que ne soupires, presque, au visage inondé de larme de ta victime. Ta chose.

Cri, cri plus fort, aimerais-tu lui ordonner. Personne ne t’entend, personne n’est là pour toi, personne ne viendra. Potter est mort, sa clique est morte, personne pour jouer les héros. Et regarde où ça l’a mené. Au tombeau. Alors ne résiste pas, hurle, cri, pleure, supplie-moi. Baise mes pieds, soumet-toi. Tu n’es rien, tu ne vaux rien, tu vas mourir en me suppliant de t’achever. Et l’enfer aura un goût de paradis lorsque j’en aurai fini avec toi.

Une dernière caresse sur son menton crade, comme une excuse, ou comme le calme avant la tempête. Puis un éclair. Impero. Et tu le contemples, sourire aux lèvres, se dévorer lui-même. Le spectacle vient à peine de commencer…

Soudainement, alors qu’il a finit ses jambes, tu stoppes tout. Tu le sens au bord de l’inconscience et tu ne veux pas rater ce moment, ce doux instant qui voit l’home basculer dans l’irrationalité.  Tu sais qu’il est prêt à passer à table, alors tu te lances. Tu le forces à révéler où se plaque ta vrai cible, ce loup-garou attaquant uniquement les Mangemorts et ayant déjà fait des ravages dans vos rangs, au nord de l’Angleterre. Tu le secoues, un peu, le baffes lorsqu’il menace de plonger dans les vapes de l’inconscience. Il tient le coup – c’est tout de même fichtrement résistant, ces bêtes-là – et annone les précieuses informations dans un seul souffle.

« Brave bête. »

Tu le tues d’un Avada Kedavra, l’éclair vert fusant sans qu’il ait pu prononcer un seul mot. De toute façon, il n’était plus bon à rien. Le tuer, au final, c’était sa récompense. Son repos éternel.

« Alecto, on rentre. »

Elle apparaît en bordure de la clairière, belle, magnifique, et te tend la main. Tu la saisis délicatement, l’attires à toi et l’emmitoufle dans ton manteau qui pue le sang impur. Ca te dégoûte et pourtant, vous aimez cela, ce parfum de victoire, d’après-guerre.

Vous ne faites pas l’amour, ce soir-là. Vous reprenez des forces pour le lendemain où la vraie traque commencera. Et là, qui rira bien rira le dernier…