❝ l'amitié est un luxe qu'on ne peut pas se permettre + uramis ❞ Tes pas résonnent dans les allées dallées du village, ton regard se baladant sur les devantures des magasins de Pré-Au-Lard. Le village semble ne pas avoir pris une ride et tu es heureuse de savoir qu'au moins une chose dans ce monde est identique à ce que tu as connu pendant que tu étais étudiante au collège. Tes yeux bruns s'arrêtent un instant sur le château que tu aperçois au loin. Poudlard se dresse fièrement et un soupir nostalgique quitte tes lèvres rosées. Elle était belle l'époque où la seule chose qui te préoccupait, était de gagner tes matchs de quidditch et d'obtenir de bonnes notes. La vie d'étudiant était tellement plus simple. Du moins, il y a de ça quelques années car tu n'arrives pas à imaginer le collège sans ses habituelles maisons. Tu n'arrives pas non plus Poudlard sans ses équipes de Quidditch, les matchs qui rythmaient la vie de l'école. Sans parler de l'inexistence de la coupe des quatre maisons qui, elle aussi, donnait un sens au collège. Tu plains sincèrement tous les petits nés-moldus qui n'auront jamais la chance de connaître le monde de la magie. Mais, tu préfères garder ça pour toi encore une fois. On n'est jamais trop prudent.

Tes pieds te mènent tout droit à La Tête du Sanglier, taverne que tu as très rarement fréquenté pendant tes sept années à Poudlard. Aujourd'hui, tu dois rejoindre Themis, ton amie. Belle brune aux yeux clairs, tu la connais depuis des années cette ancienne Poufsouffle. Mais, le temps et les évènements ont fait que celle que tu dois rencontrer aujourd'hui, paraît bien trop différente de celle avec qui tu t'étais liée d'amitié. Qu'on ne te fait pas dire ce que tu n'as pas dit. Themis reste ton amie malgré tout et tu la remercieras toujours pour le soutien qu'elle t'apportait quand ta famille n'a plus voulu entendre parler de toi. Cependant, tu dois bien avouer que parfois, tu as peur d'être sincère avec elle, de lui dire que tu la trouves changer. Après tout, tu tiens à ta vie et tu n'as aucune envie de te mettre à dos la chef de la Brigade Rouge qui, en plus de cela, est et reste ton amie. Tu entres, l'ambiance est froide. Tu jettes un rapide coup d'oeil à la taverne silencieuse et vide et salues prestement d'un geste de tête le propriétaire. Ton amie n'est visiblement pas encore arrivée et tu prends place à une table reculée, espérant ne pas te faire aborder par un inconnu aux allures étranges, transpirant de perversion. Tu n'as aucune idée du pourquoi du comment la brune t'a donnée rendez-vous ici. Tu aurais franchement préféré le chaleur des Trois Balais mais tu imagines qu'il est plus facile d'avoir une discussion privée et discrète dans un bar mieux, peu fréquenté. Alors, tu attends patiemment que la femme Travers montre le bout de sa baguette, prenant la décision d'attendre ton amie de longue date pour commander.

❝ l'amitié est un luxe qu'on ne peut pas se permettre + uramis ❞ Les minutes se font longues, le temps s'allonge. Tu attends patiemment ton amie. Ce n'est pas le genre de Themis d'arriver en retard. Tu imagines qu'elle s'est fait retenir au château alors tu restes là, tentant d'éviter les regards que te lancent les taverniers. Ils te mettent mal à l'aise. Leurs yeux sont loin d'exprimer la chaleur et la gentillesse. Au contraire. Quelque chose de malsain s'enflamme dans leur regard, comme un feu naissant. Tu espères que ton amie ne tardera pas sinon tu risques de prendre tes jambes à ton cou avant même d'avoir eu la moindre discussion avec la haut-gradée. Pourtant, tu veux l'avoir cette discussion. Tu ne sais pas quels sujets seront abordés mais Themis est l'une des rares personnes à t'avoir comprise, toi, la traîtresse. Et même si à l'inverse, tu ne comprends pas toujours ses choix, tu la soutiens. Parce qu'elle est chère à ton coeur, Themis. Et ça, tu ne veux aucunement que ça change. Malgré tout. Malgré les ombres qui planent sur la société, la position de chacun dans une guerre non souhaitée.

Finalement, tes souhaits sont entendus et la porte grince, laissant place à une jeune femme distinguée. Themis donne toujours cet effet quand elle rentre dans une pièce. Distinguée, gracieuse. Elle attire de nombreux regards et de part sa position, elle impose désormais un très grand respect. Tu le vois dans les yeux des hommes de la taverne. La flamme naissante vient d'être réduite en cendres. Un sourire naquit sur tes lèvres et tu te fous que ton geste puisse paraître déplacé dans un tel lieu. Tu lui fais un grand mouvement de la main en guise de salut. Tu sais qu'elle t'a repérée mais tu as toujours procédé comme ça, depuis toujours. Elle s'approche toujours aussi élégante. En la regardant, on repère immédiatement son éducation et pourtant, elle reste assez tolérante. Quand elle a su que ta sœur était cracmol, jamais, elle n'a osé porter un jugement. « Ce n'est pas grave. Je sais bien que tu as des obligations à tenir malgré tout. » Tu hoches la tête, compréhensive. De toute façon, si elle avait été ponctuelle, tu serais arrivée en retard. Dans tous les cas, vous auriez été dans la même situation. L'une attendant l'autre. Elle s’assoit en face de toi, t'annonçant qu'elle est contente de te revoir. Sa voix transpire la sincérité, déborde d'honnêteté et c'est dans ces moments que tu arrives à entrevoir la fille qu'elle était quand vous n'aviez qu'onze ans, la petite fille avec qui tu t'es vite liée d'amitié malgré vos maisons respectives. Et votre amitié a évolué, vous également, avec l'âge, avec la société, avec le monde. Avec la guerre. Elle s'est assombrie. Si votre relation a connu jadis un soleil rayonnant, elle connaît désormais un ciel nuageux, prêt à lâcher des trombes d'eau. « Je suis contente de te revoir aussi. J'ai l'impression que ça fait une éternité qu'on ne s'est pas retrouvée. » Tu marques une pause, souriante. Une véritable arme pour toi depuis un an. Un an de douleur et de remords. Pourtant, tu continues à sourire, à montrer au monde que tout va bien pour toi. « Je vais bien, et toi, pas trop dur le boulot ? » Demandes-tu. Tu t'intéresses même si tu sais pertinemment que la vie ne doit pas être toujours simple de son côté. Comme du tien, d'ailleurs. Dans tous les cas, tu es vraiment ravie d'être avec elle aujourd'hui. Passer votre jour de congé ensemble est quelque chose d'assez formidable au vu de vos emplois du temps chargés. Mais, vous n'êtes pas là pour parler boulot. Non, surtout pas pendant votre jour de repos. « Bon, on fait un marché. Hors de question de parler boulot, aujourd'hui. D'accord ? On pense à autre chose et on se retrouve comme les très bonnes amies que nous sommes ! » Tu annonces d'une voix amicale avant de demander : « Tu veux que j'aille commander quelque chose ? T'as envie de quelque chose en particulier ? Je me prendrais bien une bierraubeure. » Boisson d'enfants, digne d'une étudiante à Poudlard mais c'est vraiment le dernier de tes soucis. Tu espères seulement qu'ici, ils en vendent. Sinon, tu vas être obligée de te tourner vers du whisky pur feu et ton estomac ne te remerciera pas.