MAI 1998 Il hurlait de rage. Une rage presque démente. Il se débattait comme un forcené, criait, pleurait. Il ne semblait n’avoir plus rien d’humain. Coincé dans une sorte de camisole, il ressemblait à un démon. Ses yeux injectés de sang, ses cheveux collés sur son front par sa sueur, ses joues trempées de larmes folles… La fureur semblait avoir pris possession de son être. Il ruait d’avant en arrière, comme pour arrêter le convoi. Il voulait retourner là où sa vie venait de s’arrêter il y avait à peine quelques minutes. Incontrôlable et commençant à faire céder ses “chaines”, un des surveillants lui asséna un violent coup au visage. Sonné et meurtri, il s’effondra et tomba dans les pommes.

L'air était aseptisé. Le temps s'était arrêté, ou du moins semblait continuer son oeuvre au ralenti. C'était donc ça, mourir ? Une sphère paisible en ne sentant les années de vie défiler. Tout ici était beau et perturbant à la fois. Il se retrouvait dans les couloirs de Poudlard. Personne ne semblait plus y séjourner à présent. Il avait l'impression d'être un fantôme, ou d'être dans une autre dimension. Malgré tout, il se sentait... apaisé, calme, en paix enfin. Ce soulagement l'angoissa. Sa tête le tournait, il divaguait, comme après avoir ingéré plusieurs bouteilles de whisky pur malte sans s'arrêter un seul instant et qu'il en subissait les conséquence à présent. Soudain tout tournoyait autour de lui, jusqu'à ce que son environnement entier se transforme en un tornade puissant qu'il l'emporta. Secoué, il ouvrit les yeux en constatant que la tornade l'avait emmené dans la salle commune de son ancienne maison. Rien n'avait été changé. Tout semblait tel qu'ils l'avaient laissé lors de leur sixième année. Le feu crépitait dans la cheminée, les fauteuils, les bannières aux murs, les tableaux et autres babioles, rien ne manquait à l'inventaire. Bonjour mon amour... Cette voix ! Il crût rêver, jusqu'à ce qu'il vit son visage, c'était bel et bien réel alors ? Il crût chanceler avant de se reprendre. Une joie incroyable inonda son être. Oh par Merlin ! J'ai fait un affreux cauchemar ! On t'avait exécuté, avec Harry et les autres... il y avait Luna aussi... Bon sang je suis soulagé que ce ne soit qu'un... Mais il s'arrêta net. Comme s'il n'avait pas vu la baie vitrée en face de lui et qu'il se la serait prise en pleine tête. Il avait tenté de la serrer dans ses bras, mais il n'avait touché que du vide, du vent. Elle était pourtant bien là alors comment ... ? Ce n'était pas un rêve, Ron... le coup fût plus rude que le semblant de baie vitrée, un vrai claque. L'euphorie de la retrouvailles fondue comme neige au soleil. Ce fût le choc l'incompréhension. Comment pouvait-il la voir si elle n'était plus de ce monde ? Ce n'était pas logique ! À moins que lui aussi avait quitté le monde des vivants ? Mais pourquoi dans ce cas ne pouvait-il pas la toucher, ni l'effleurer ? Des milliers de questions bourdonnaient dans sa tête, il en avait la nausée. Je ne sais pas combien de temps il nous reste avant que tu te réveilles... J'ai besoin que tu te battes pour ceux qui restent, Ron. Il faut que tu continues ce que l'on a commencé à faire avec Harry, tu dois survivre ! Retrouves tes frères, ta soeur, tes proches, nos amis... Il faut que tu les arrêtes ! Ronald tomba à genou, comme sous le poids de la tâche qu'elle lui demandait d'accomplir. C'était lourd, trop lourd et trop frais. Il détestait sa mine parfaite, trop apaisée face à lui, comme démunie de toute compassion et d'amour à son égard. Il souffrait de son absence dès à présent, de la voir sans pouvoir la toucher, rien qu'une dernière fois comme pour lui dire adieu, il en mourrait sur place. Son coeur se brisa en mille morceaux. Comment supporterait-il leurs absences ? De vivre sans eux ? Ils étaient toute sa vie. Il craqua et fondit en larmes devant lui, comme s'il voulait partir en se noyant dans son torrent de larmes. Je ne peux pas... Sans vous je... Il n'arrivait plus à parler, trop submergé pour contrôler son débit de parole. Harry apparut alors souriant, Ron les détesta tous les deux de lui sourire aussi niaisement dans un moment pareil. Harry s'avança vers lui, calme, presque irréel. Un spectre. Ron, écoute moi bien, tu fais parti de la rebellion, par conséquent ils vont essayer de te briser par tous les moyens qu'ils auront en leur pouvoir. Tu ne dois pas faillir, il faut que tu vives ! Le rouquin ne sût faire autre chose que de hocher la tête en essayant -en vain- de sécher ses larmes. Après ces paroles qui se voulaient certainement remplie d'espoir et de courage à l'attention de Ronald, Le brun s'agenouilla face à lui. Tu as été comme un frère pour moi durant toutes ces années, tu vas me manquer Harry se mit à sourire alors tristement. Les larmes de Ronald redoublèrent. Une lumière aveuglante brouilla alors la vue de Ron, il les vit s'effacer de son champ de vision, souriants. Il hurla, comme si son simple cri aurait su les retenir...

Le convoi s'arrêta violemment et Ron sentit qu'on le souleva de terre. Il était revenue à sa triste réalité, loin de sa douce et de son meilleur ami. On le balança dehors, Ronald atterrit brutalement face contre terre. Tiens, tiens, le voilà enfin le sale petit traître à son sang ! Un frisson courra le long de son échine, un frisson qui ne présageait rien de bon. Il reconnait cette voix entre cent. Bellatrix, la terreur et la rage l'envahirent alors. Ron savait pertinemment de quoi était capable la cruauté de Bellatrix, l'ayant déjà vu à l'oeuvre et sa présence ici lui indiquait que rien de bon n'allait lui arriver. Néanmoins fier et courageux, il releva la tête et se releva -bien qu'avec peine- et fît face à la mangemort. Espèce de lâche ! rugit-il en crachant à ses pieds. Vous assassinez des gosses .... Il ne put finir avant que Bellatrix ne lui soude les lèvres d'un sort. Qu'il est agaçant celui-ci à toujours l'ouvrir sans qu'on lui en donne l'autorisation... dit-elle en soupirant, d'un air faussement triste avant de retrouver ce sourire carnassier qui lui correspondait tant. Bientôt on pourra l'entendre crier à gorge déployée et lui faire manger son arrogance... Mmh comme ce sera amusant ! Elle rit si fort qu'elle en glaça le sang de Ron. Puis elle s'approcha de Ron, essayant de se donner une allure charmeuse et aguicheuse. Elle lui caressa le visage, avant de lui griffer la joue violemment. Elle se recula alors, comme si elle reprenait soudain ses esprits Qu'on l'emmène ! Le maître à des projets plus réjouissants pour celui là ! elle sautilla tel un lutin, excitée par la suite des évènements à venir.