« Sors de là, je n'ai pas toute la journée. » Ma voix claque, blanche et sèche, désireuse de mettre fin à cette traque au plus vite. Il se terre là dedans depuis des heures, il croit peut-être qu'il aura une chance de s'en sortir mais je ne me suis pas déplacée pour rien. La Brigade m'a spécialement assigné ce cas et j'ai bien l'intention de faire mon travail. Le sang perle doucement de la blessure à l'avant bras qu'il a réussi à m'infliger mais je n'ai pas le temps de m'occuper de ça maintenant, il faut qu'il se décide à venir à moi. Ce serait mieux pour lui d'ailleurs parce que si je me déplace, son compte est fini. Les lumières sont éteintes, il ne doit même y en avoir d'ailleurs là dedans mais je sais qu'il est là, je sais qu'il y est entré et qu'il ne t'attend qu'une chose : que je me lasse et que je parte. Sauf qu'il ne me connaît pas. Je n'aime peut-être pas les ordres que l'on me donne, je déteste littéralement que l'on me contredise d'ailleurs mais lorsqu'il s'agit de mon métier, je ne fais pas dans la demi-mesure. « CONFRINGO ! » criais-je subitement, impassible. La porte explose en milles morceaux et la fumée est dense, noire même, mais je m'avance quand même à travers la pièce. Je plisse les yeux pour mieux voir mais je ne vois que des vieux meubles déchirés dans un coin sombre de la pièce. Je sais qu'il est là et je n'ai pas besoin de magie pour le savoir. Il doit sentir que je ne le laisserais pas sortir de là vivant. J'ai une petite réputation malgré moi à la Brigade. Celle de ne jamais ramener mes proies vivantes, celui-là en fera partie. « Montre-toi ! » crachais-je, perdant patience. Mes yeux parcourent à nouveau la pièce mais je ne fais pas un pas de plus. Je guette le moment où il se décidera enfin à sortir de sa cachette. Ils sortent toujours de toute façon car ils se savent condamnés. J'appelle ça le couloir de la mort parce qu'ils savent qu'il n'ont plus rien à perdre. Je sais que je pourrais le ramener vivant mais mieux vaut la mort comparé à ce qu'il endurerait. Je ne suis pas clémente juste impartiale. Je fonctionne comme ça et tant pis pour les conséquences. Peut-être que quelques renseignements de plus nous aiderait à avancer mais je n'ai pas besoin de ça pour me débrouiller. Sans moi, la Brigade ne serait pas celle qu'elle serait aujourd'hui. Ils ont besoin de moi et je sais qu'ils ne se risqueraient pas à me barrer le chemin. Mon cher frère est assez haut placé pour m'offrir un peu de tranquillité. Alors j'en profite. Et ce moment là en fait partie. Je compte lentement dans ma tête et je ne suis pas surprise lorsque je le vois enfin à quelques mètres de moi. Ses pas crissent sur le plancher mais je sens son regard, ses yeux qui transpercent les miens. La plupart du temps, je ne vois que de la pitié dans les yeux des victimes mais parfois j'y vois également de la bravoure et peut-être un peu de rébellion. Cet homme n'est visiblement pas du genre à se laisser faire mais je sais qu'il ne tentera rien à présent, se sachant perdu. Je ne souris pas pourtant, je suis juste soulagée de savoir que ce sera fini et que je pourrais passer à autre chose. Il s'avance de plus en près, il a l'air déjà bien mal en point ce qui me fait penser que peut-être, la mort serait la bienvenue pour lui. Mais je ne dis rien, je ne fanfaronne pas, je ne suis pas une sadique comme certains. Pourtant je lève ma baguette et la pointe tout droit sur son cœur. Son issue est proche, il le sent mais il me fixe toujours et je ne baisse pas le regard. « A un de ces jours, peut-être. » que je souffle. « Avada Kedavra ! » La lumière verte frappe son cœur et je vois son visage s'éteindre, son corps basculer en arrière et plus rien. Le silence est pesant, l'athmosphère est lourde et je me détourne de ce cadavre, impassible. La culpabilité aurait pu m'envahir lorsqu'elle m'envahissait au tout début mais j'ai appris à compartimentaliser et à vivre avec. Il faut juste que je m'en aille maintenant, que je retourne au Ministère pour leur expliquer que je viens de tuer une de leurs meilleures chances d'obtenir des renseignements sur la résistance. Je vais sans doute passer un sale quart d'heure mais je m'en fiche, il valait mieux pour lui qu'il meure et pour moi que j'agisse. La résistance sera anéantie bien assez tôt.