ÂGE, LIEU ET DATE DE NAISSANCE — « L’oiseau qui vole si doucement » — Le goût sucré du cocktail dans la bouche, la tête embrumée. Vestige d’une soirée arrosée pour fêter son anniversaire. Trois août. Vingt-six ans, elle approche dangereusement de la trentaine, des bébés, du mariage, des responsabilités. Ça la fait sourire, tendrement, comme une enfant. Ça ne l’effraie plus, plus vraiment. Mandragore et framboise, elle a dit qu’elle veut en recommander, pour demain et encore après. Parce qu’elle fête souvent son non-anniversaire, il n’y a pas de mois ou de jour pour s’amuser. Cedrella, c'et une fille qui profite de la vie. S'amuser, il n'y a que ça de vrai. Mandragore et framboise, oui, c'est parfait. C’est ce qu’elle a dit à Miranda, quand elle lui a demandé qui rangerait tout ça. Tout ce qu'elle laisse dans l'allée, à côté du portail qui grince quand il y a du vent, là ou elle a enterré ses souvenirs d'antan. Ce n’était pas la réponse appropriée mais ça fait longtemps que Cedrella répond à côté. Elle est née quand il faisait beau. Quand les gens marchaient dans les petites rues avec leurs ombrelles multicolores, c'était beau, rose bleu et vert, comme un arc-en-ciel de couleurs printanières. Quand le soleil frappait les vitres et fissuraient les derniers nuages dans le ciel. Quand les dernières catastrophes n'étaient que quelques naufrages. En plein été, avec un soleil hésitant et des rires d’enfant. Cadette d’une fratrie de trois, elle en a rayé un du paysage. Vingt-six ans, aujourd’hui et demain encore. Jusqu’au prochain mois d’août, ou peut-être se décidera-t-elle à devenir sage. PROFESSION — « L’oiseau rouge et tiède comme le sang » — La petite alouette est devenue traqueuse, chasseuse. Elle cueille les crocs comme elle rapportait autrefois les pâquerettes. Poser les armes n’a jamais été dans sa nature. D’abord simple employée au département de régulation des créatures magiques, comme elle le voulait enfant, elle a su se battre. Vingt-deux ans et des rêves pleins la tête. Elle a joué des coudes, elle s’est doucement faite une place, gentil petit soldat de plomb coincée dans un habitacle trop grand. La petite alouette est devenue une battante, abandonnant son plumage de princesse pour une armure. Deux ans plus tôt, on l’a contacté. Une voix grave et rocailleuse, qui accentuait les i plus que les é. Une promotion, capitaine de l’unité d’extermination des loups garous, plus encore qu’elle ne l’espérait, mais jamais assez. Aucuns remords, aucuns regrets, elle a juré de tous les tuer. Ses parents sont fiers d’elle. Seule fille, elle a su mener sa barque suivant leurs volontés, a contrario de Rosen qui a préféré changer de vocation, pour finalement préférer éviter le sujet. Elle aime son travail, elle aime ce qu’elle fait. Cedrella aspire aujourd’hui, doucement, à faire partie de la brigade rouge. Mais comme sa mère le lui a souvent dit, tout vient à point à qui sait attendre.  NATURE DU SANG — « L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur, L’oiseau qui soudain prend peur » — Elle n’est pas forcément fière de ça, de ce sang qui coule dans ses veines. Parce qu’on lui a appris que le monde est plus beau quand tout est bleu, bleu océan. Et quand elle regarde ses veines, elle ne voit que du rouge, du rouge impur, du rouge qui ne l'élèvera jamais assez. A cause du Maudit, à cause de moldus stupides. Elle a appris à l’accepter, à se revendiquer comme telle, mais jamais elle ne le dira à haute-voix si on ne le lui demande pas. Sang-mêlé. Elle n’en reste pas moins une petite bulle dans les hautes sphères. Et elle est fière, d’être celle qu’elle est. Ce mélange date de plusieurs générations déjà, elle ne peut rien y faire, elle le sait, elle l’accepte. Mais elle en reste profondément choquée, qu’un homme de sa famille ait pu se laisser souiller de la sorte par une gourgandine moldue de petite vertu. C'est ainsi qu'elle la voit et quiconque connaissant Cedrella vous le dira, une fois qu'elle a une idée en tête, elle n'en change pas. Elle ne comprend pas vraiment tout ça et garde ses interrogations pour elle. Elle n’est pas pure, mais c’est tout comme, pour eux, pour elle. BAGUETTE — « L’oiseau qui soudain se cogne, L’oiseau qui voudrait s’enfuir » — C’est une enfant haute comme trois pommes qui est allée trouver Ollivander. Accompagnée de ses frères, elle est arrivée devant la boutique et avec sa petite voix fluette, elle a demandé à Rosen comment elle ferait pour savoir que c’est la bonne, celle qu’elle devra garder et qui devra la protéger. Rosen a haussé les épaules. Peut-être n’en savait-il rien ou peut-être savait-il justement qu’il n’y avait rien à expliquer. D’une démarche féline et enfantine, elle s’est glissée dans la boutique et elle a salué l’homme avec un grand sourire. Celui des gamins qui vont vivre quelque chose de génialissime. Le sourire qui prédit un avenir radieux et qui rassure par sa candeur. Le sourire de Cedrella. Elle lui a dit qu’elle souhaitait une baguette, une jolie baguette, de couleur claire si possible. Elle a dit qu’il fallait qu’elle soit aussi belle qu’elle sinon, elle aurait trop honte de la montrer. Ollivander s’est mis à rire et lui a présenté les baguettes, les unes après les autres. C’est au quinzième morceau de bois, et la treizième explosion qu’elle a enfin trouvé son âme sœur. Bois de cornouiller, imprégnée d’un cheveu de goule, trente-deux centimètres, et prédisposée aux informulés. Elle est ressortie de la boutique les cheveux en pétard, les joues noires et un grand sourire. Le sourire des enfants qui ont vécu quelque chose de génialissime, un sourire qui prédit une journée haute-en-couleur, un sourire qui nous annonce un avenir meilleur. Le sourire de Cedrella. STATUT MATRIMONIAL — « L’oiseau seul et affolé, L’oiseau qui voudrait vivre » — Il y a des choses qu’il vaut mieux éviter d’aborder. Le mariage est un de ses sujets dont on préfère ne pas parler. Fiancée, et mécontente de ceci, elle a cependant accepté l’idée de se lier à un parfait inconnu. Ce n’est pas un événement qu’elle apprécie. Elle aurait souhaité collectionner quelques années de liberté encore. Voler de ses propres ailes plus longtemps. Cedrella sait pourtant qu’il est de son devoir de donner un héritier à un quelconque mari et elle le fera, sans élever la voix. N’ayant aucun sentiment pour son promis, elle n’hésite pas à jouer de ses charmes avec autrui pour obtenir ce qu’elle veut. Son fiancé le sait et a rapidement compris qu’il est loin d’avoir son mot à dire.  A dire vrai, il a tenté d'élever sa voix. Mais comme toute alouette, dès les premiers éclats de cri, elle s'est envolée. Et depuis, ils n'ont plus accordé d'importance ou de temps à ce sujet, au plus grand damne du fiancée, et au plaisir de Cedrella. ANCIENNE MAISON — « L’oiseau qui voudrait chanter, L’oiseau qui voudrait crier » — Sa maison a toujours été une fierté à ses yeux. Du haut de ses onze ans, elle a su s’identifier comme unique, se détacher des liens qui l’encerclaient, qui l’incitaient à marcher sur le chemin de ses aînés. Seule fille de la fratrie, elle ne suivit ni les pas de Jacob qui porta les couleurs de Gryffondor, ni de Rosen qui s’octroya le plaisir de revêtir les couleurs de Serdaigle. Elle créa son propre chemin, pourtant similaire à ses ancêtres, chez les Vert et Argent, pour sa ruse et son intelligence. Pour sa fourberie et son ambition. Pour ses qualités de leader, comme son instinct. Pour sa détermination et sa passion pour le pouvoir. Le choixpeau n’eut pas à réfléchir. La jeune s’est assise sur le tabouret, ses mains se serrant puis se desserrant sous l’inquiétude. La professeure a glissé le choixpeau sur sa tête, il l'a frôlé une seconde avant d’hurler Serpentard. Comme une évidence. Une fierté depuis toujours. Elle a toujours été serpent et ne quittera sans doute jamais les principes qu’elle a pu apprendre là-bas. Parce que Cedrella, elle est plutôt maligne et elle parvient toujours à ses fins. PATRONUS — « L’oiseau rouge et tiède comme le sang, L’oiseau qui vole si doucement » — Si autrefois, être incapable de créer un patronus lui est apparu comme une tragédie, elle en garde aujourd’hui une certaine fierté.  Elle a des bons souvenirs, certes, mais aucun qui ne soit assez fort. Ils sont tous flous, elle n’arrive pas à se remémorer un seul instant. Ils se sont délavés au fil des années et jamais elle n’a pu faire sortir quoi que ce soit de sa baguette. Pas même un peu de brumée argentée. Aujourd’hui, portant la marque, elle se retrouve incapable d’en former un et ce pour toute une vie, mais ça n’a pas d’importance, ça n’en a jamais eu. Ce n’est pas un échec, mais une victoire. Elle a toujours été proche des mangemorts, de voldemort, et intérieurement, ça la rassure. Elle garde cependant une certaine admiration pour cette forme de magie, que Cedrella trouve très belle, et si elle est brute, elle la trouve aussi très douce. Comme un courant d’air frais au milieu d’une tornade d’air chaud.  EPOUVANTARD — « C’est ton coeur jolie enfant » — Sa plus grande peur n’est autre que le déclin, l’inconnu, l’étranger. Devenir personne et n‘importe qui à la fois.  Elle a peur de l’inconnu et ce, sans raison. Elle a peur de ce qui se cache derrière un point d’interrogation, de ce qui peut prendre forme suite à une question. Elle a besoin de savoir, de connaître, de comprendre. Quand elle a vu un épouvantard pour la première fois, elle lui a fait face avec bravoure. Elle s’est avancée et a attendu qu’il prenne forme. Il s’est modifié longtemps, à dire vrai, il n’a jamais cessé de changer. Son visage s’est flouté, délavé, piétiné, mais son corps se modifiait. Ses habits changeaient. Fille, garçon, enfant. Vieillard, femme, homme. Elle est restée, là, à l’observer, sans pouvoir bouger. Pendant peut-être trop longtemps. Sa tête lui a hurlé de prendre ses jambes à son cou mais Cedrella n’a pas pu accepter un échec. Elle a tendu sa baguette et elle l’a pointé vers l’inconnu. Il s’est fissuré au rythme du mot Riddikulus pour prendre enfin un visage. Celui de Rosen. De suite, elle s’est détendue. Il restait encore les vêtements, il restait encore cette attitude étrange. Mais l’inconnu avait un visage connu. Et à ses yeux, c’était amplement suffisant.  CICATRICES ET MARQUES VISIBLES — « Ton coeur qui bat de l’aile si tristement, Contre ton sein si dur si blanc. » — Il y a à la fois sa plus grande fierté et sa plus grande honte inscrite sur sa peau. La première est là depuis des années, une longue et fine cicatrice qui glisse de son oreille droite à sa clavicule. Elle la doit à un sortilège qu’elle n’a pas su éviter, un échec qu’elle garde écrit sur sa peau, marquée à sa jamais. La seconde n’est autre que la marque des ténèbres, qu’elle a reçue à l’âge de vingt-quatre ans. Elle en est fière car elle est une des seules de sa famille à avoir su faire le pas vers Voldemort et il le lui rend bien. Elle lui est fidèle, plus encore qu’elle ne l’est au ministre actuel. Elle est honorée de porter ce tatouage à même sa peau, sur son avant-bras. Si les mangemorts sont dissous aujourd’hui, elle reste particulièrement heureuse d’encore porter cette encre noire si rare.  GROUPE — SHADOW SQUAD.

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MON ÂGE — loic sans tréma - 9.
MON PAYS — france, wesh.
MON AVIS SUR LE FORUM — bof.  
MON PERSONNAGE — [] inventé [] prédéfini [X] scénario
MON AVATAR — gabriella wilde.  
COMMENT J'AI DÉCOUVERT LE FORUM — le projet bazzart.
UN DERNIER MOT MAGIQUE — j'avais dit que je ne craquerai pas et puis j'ai vu le scénario de marine ...    j'ai quand même attendu la rentrée pour venir. (oui, marine, tu peux le dire, JE NE SUIS PAS FAIBLE.  )

« Nous allions là où la mer se reflète au ciel
Là où les tours se rejoignent entre elles
Enfant du solstice, hors de l'eau tu tenais ma tête
Les lucioles fusaient comme des comètes
Mon terrain de jeu, tes larmes et tes lèvres
Finalement tout est écrit dans ma lettre
Et je la brûle, tout doit disparaître. » Cedrella jette un regard circulaire à la foule qui l'entoure et soupire doucement en observant ses ongles parfaitement mis en valeur. Montague n'est pas si imbue d'elle-même qu'elle le laisse croire. Du moins pas totalement, mais elle aime paraître parfaite. Elle se dit qu'elle doit bien ça au monde, puisqu'elle n'est pas pure. Et c'est son plus gros défaut. Alors elle compense, la petite hirondelle. Du rouges sur les lèvres et de la poudre sur les joues, ses cheveux blonds parfaitement peignés et sa poitrine mise en valeur dans sa robe grise. Ses talons aiguilles et son demi-sourire poli. Rien n'est laissé au hasard car elle n'a pas le droit à l'erreur.  Les Montague n'ont pas le droit à l'erreur.
Ils ont été éduqués pour la suprématie des sang-purs et c'est dans cette optique qu'ils vont admirer les cadavres s'effondrer au sol, les traîtres tomber de leur piédestal comme de vulgaires marionnettes. Potter est mort et ils vont enfin connaître le même sort. Elle, elle n'est là que par obligation. Cedrella a beau se  vanter de ne pas avoir froid aux yeux -si ce n'est froid du tout-, elle n'est pas du genre à observer les corps avec ce sourire macabre et ce plaisir malsain. Elle ne se complet pas à observer la faucheuse qui transforme poussière ce qui  été par le passé, poussière. Tuer ne lui parait pas tout à fait naturel. Contrairement aux autres, non, elle ne se complet pas à les regarder mourir, pire encore, à vrai dire, elle s'en fiche complètement. Le ministère a décidé de leur sort. Ces hommes, ces femmes, elle les a connu un temps, elle les a vu une fois ou deux peut-être. La mort ne l'effraie pas et la leur lui importe peu. La seule chose qu'elle leur demande ? Qu'ils meurent vite et en silence, elle a d'autres choses à faire. Cedrella, elle a les yeux rivés vers les cadavres mouvants, ces résistants dans un état lamentable, le regard vide et la peau teintée de blanc. Ils sont là, ils sont mourants. Ils sont là, fiers tandis qu'ils s'apprêtent à sombrer. Ils vont tomber, ils vont briser le silence comme des verres qui se fracassent contre le sol, qui entrent dans la danse. Qui vacillent et ouvrent la cadence. Et Cedrella, elle se dit qu'ils auraient peut-être dû se ranger. Accepter que le monde change, trouve de nouveaux repères, se modifie. Accepter que tout est un peu bancale, un peu bizarre, que le monde redevienne fanfare. Que la paix apparaisse  sous son manteau le plus sombre. Accepter que rien ne sera plus jamais pareil. Parce qu'ici, ce n'est pas eux qui contrôlent. Parce qu'il y a une force supérieure et qu'il faut ployer sous son pouvoir. C'est ainsi. On plie l'échine pour survivre. Instinct de conservation, on se place là ou est notre intérêt. C'est ainsi que Lysander Montague l'a élevé. Dans cette idée primitive qu'il faut être dans l'ombre d'abord pour parvenir à la lumière. Il faut aider en silence pour faire élever sa voix. Peut-être auraient-ils dû faire de même pour ne pas finir ainsi, abattus comme des bêtes, enfermés entre quatre planches de bois mal taillées. Un instant, son regard se pose sur son ancienne professeure de métamorphose. Le suivant, elle regarde le filet vert qui vole à toute allure vers la poitrine de celle-ci. Cedrella, elle observe la scène avec le menton haut, fier. C'est une attitude qu'elle persiste à garder parce qu'il est hors de question de sombrer à  cause de ce genre d'inepties. Des gens meurent tous les jours, ceux-là le méritent. Elle a vu son père plus tôt dans la journée. C'est ce qu'il lui a dit. Ils ont failli à leur propre cause, qui était toute autre que la nôtre. Ils doivent payer pour avoir échoué et pour avoir essayé de crier plus fort que le gouvernement. Souviens-toi en, ils doivent payer. Alors elle reste-là, à les regarder recevoir leur punition. Elle ne sait pas ce qu'elle doit ressentir à leur égard. De la pitié, parce qu'ils sont hommes, parce qu'ils sont humains et ça signifie qu'ils font des erreurs. De jugement, d'action. Parce qu'ils sont là ou il ne faut pas et font des erreurs. De la pitié parce qu'ils sont misérables et parce qu'ils n'ont plus de rêves. De la pitié parce qu'ils sont semblables à des chiens qui quémandent un os. L'os en question s'appelle vie et il est tout à fait normal qu'on le leur refuse. Ils ont fait de mauvaises choses et ils paient le juste prix. De la colère, parce que le prix est trop peu élevé. Parce qu'ils ne perdent que leur vie et à ses yeux d'enfant capricieuse, ce n'est pas suffisant. Parce qu'ils n'assument pas ce qu'ils ont fait. Regardez-les, ces imbéciles, les larmes qui coulent et les paupières closes. Lâches, ce sont tous des lâches. De l'amusement, aussi. Car les gryffondors sont réduits à faire preuve de lâcheté, parce qu'ils se délestent de leur courage ancestrale une dernière fois avant le tomber de rideau. Les masques tombent, la mascarade prend fin. Ils ne sont plus rien.


« On a parfois le cœur soulevé par la sauvagerie du monde. On est écœuré par la montée de nouvelles tyrannies, le raffinement des anciennes, par les mensonges, l'odeur du fumier dans les villes et l'horreur qui pèse sur tous nos lendemains.
» Les secondes se succèdent, elle les regarde filer. Elles coulent entre ses doigts mais elle ne tente pas de les attraper. Les minutes s'étirent, se tendent à l'infini, et un instant, tout s'arrête. Le sable ne s'écoule plus et les aiguilles cessent leur course folle contre la montre. Les mots tournent dans sa tête, sans jamais s'arrêter. Puis tout reprend, lentement. Elle tue le temps à l'aide de sa fourchette, poignardant tout à fait injustement la nourriture qui se trouve dans son assiette en porcelaine. Les mouvements sont saccadés, ses joues sont rougies, sa mâchoire est serrée. Elle est énervée. Les mots flottent encore dans l'air, l'ambiance est électrique. Cedrella jette un regard à Rosen mais il est plongé dans ses pensées. Il est loin d'elle, trop loin. Elle se retrouve seule, contre les quelques mots qui ont résonné. Son père observe le journal qu'il tient entre ses mains. Il lit quelque articles et attend patiemment que Cedrella réagisse. La place de Jacob est vide, désespérément vide. Comme dans le cœur de Cedrella. Il n'y a plus rien, si ce n'est de la haine. Une haine trop forte et trop violente pour une jeune fille comme elle. Il les a abandonné, injustement, égoïstement. Il devait tuer cette sang-de-bourbe, juste la tuer, mais il ne l'a  pas fait. Il ne l'a pas fait !  Pas même pour Cedrella et Rosen. Pas même pour sa famille, ses amis, sa vie. Il a tout abandonné et aujourd'hui il est mort. Elle le hait, tellement fort. Parce qu'il ne l'a pas aimé assez, du moins pas à ses yeux. Parce qu'il a préféré la faucheuse à elle. Parce qu'il était un repère, un pilier, et il s'est effondré. Son modèle préféré est tombé. Elle le hait parce qu'il ne lui a pas dit au revoir, parce qu'il est parti sans prévenir. Elle le hait parce qu'il n'a pas su se plier, tant pis pour ses pensées. Elle lui a juste demandé de vivre. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ? Il n'avait qu'à murmurer avada kedavra les yeux fermés, tant pis pour sa fierté. Aujourd'hui, c'est Cedrella qui ferme les yeux. Paupières closes, tard le soir, elle lui dit au revoir. Elle l'oublie. Parce qu'elle le hait, parce qu'il a failli, il a trahi. Parce qu'elle l'aimait et ça ne lui a pas suffi. A minuit, elle l'oublie. Au petit matin, il n'est plus rien.  Cedrella aurait aimé dire que ça n'a rien changé, qu'il n'existe plus à ses yeux depuis son enfermement. Qu'il n'est plus rien et qu'il ne compte pas. Mais plus qu'aucun autre, plus que sa mère et son père, plus que son frère, elle porte le deuil de son aîné. La place vide à table fait tâche, elle tourne les yeux. Sa mère est un peu plus loin, ce petit sourire aux lèvres qui la caractérise si bien. Sa mère, c'est une reine constamment assise sur son trône avec ce verre en main. La même manie que Cedrella. Elle fait tourner l'alcool en rond, de gauche à droite en pinçant les lèvres, par agacement ou lassitude. Sa mère sait. Depuis longtemps. Elle savait. Elle savait pour tout ça et elle n'a pas eu envie de la prévenir. Elle savait ! Cedrella bouillonne plus encore et c'est mal la connaître que de la croire capable de retenir les mots qui lui brûlent la gorge. Et ça sort, comme des coutelas, ça s'enfuit et ça s'en va, ça fuse partout. Elle absorbe le vide de l'absence de Jacob, le vide des mots de sa mère, le vide de tout. Le vide qu'elle cache au fond d'elle. Elle absorbe le silence, il n'est pas l'heure de tirer sa révérence. « Un fiancé ? Ce soir ? Vous n'auriez pas pu me prévenir ? Non sans vouloir vous vexer, malgré votre vieil âge, je suis persuadée que vous connaissez l'existence des hiboux, non ? Un petit, minuscule, insignifiant petit mot m'aurait suffi ! Mais il est hors de question que je rencontre mon ... fiancé ? ce soir. », dit-elle. Sa voix résonne et brise le silence. Rosen n'a pas relevé les yeux, son père observe toujours son journal et la place du traître est encore vide. Ils ont l'habitude des crises de Cedrella, de ses mots venimeux qu'elle ne retient pas et ses caprices d'enfant trop bien éduquée avec des envies de liberté. Seule sa mère pose sa serviette sur sa table et lui adresse un regard sombre. Ancienne Diggory, elle n'a jamais été d'une impassibilité monstre. Elia la fusille des yeux. Le genre de regard qui oblige Rosen a baissé les yeux imperceptiblement, comme l'a fait leur père ou Jacob. Mais pas Cedrella. Car parmi les lions, les serpents, les aigles et les blaireaux, Cece est dragon. « Ne te montre pas impolie, Cedrella. Nous faisons ça pour ton bien. Tu le rencontreras ce soir, tu n'as pas le choix. » Cedrella, elle n'a jamais été contre le mariage, à dire vrai, elle est même pour. S'unir a un parfait inconnu, elle n'y a jamais vu d'inconvénient. Puisqu'elle ne l'aime pas et ne l'aimera jamais, ses états d'âme ne lui importuneront pas. Elle pourra jouer, sans règles ni lois. Engendrer un enfant lui paraît être aussi une belle chose. Façonner son enfant à son image, c'est si beau et si dure à la fois. Mais Cedrella, elle se dit qu'elle ne veut pas passer sa vie à ça. Il est hors de question qu'elle cesse de travailler, qu'elle passe ses journées avec un verre de vin entre les mains à fixer l'horizon avec cette mine nostalgique. Tout à fait magnifique mais aucunement pratique, elle n'a pas envie de devenir telle qu'à pu l'être sa mère avant elle. Elle ne veut pas devenir comme tant de femme, l'ombre de leur mari. Il en est hors de question.  «  Maintenant, Kalire, peux-tu ouvrir la porte à notre invité ? », demande la mère de Cedrella de sa voix d'impératrice.  Cette voix dont la  cadette Montague a hérité, celle qui fait trembler les murs. Les tableaux tremblent sous l'écho assourdissant. La mère de Cedrella, jamais elle ne crie. C'est plus un sifflement qu'un murmure, mais ça vous glace le sang. Ça vous retourne l'estomac et les paroles flottent un instant avant que vous n'obéissiez. Car il n'y a jamais eu matière à discuter. Elle n'hurle pas comme le font ces empotés de sang-de-bourbe. Elle n'en a aucunement besoin, elle est effrayante par le son de sa voix qui siffle comme un serpent. Il ne faut pas être effrayée quand elle crie, mais quand elle chuchote. Car avec les Montague, le silence est votre pire ennemi. « Kalire peut aller ouvrir la porte mais c'est la maîtresse qui doit le demander à Kalire. » couine l'elfe. Et c'est un sourire suffisant qui se glisse sur les lèvres de Cedrella. Car si elle adore sa mère plus que tout, elle aime bien plus encore lui tenir tête. Rosen et Lysander en sont profondément lassés, de ces duels féminins sans fins. Mais aux yeux de la jeune fille, ça n'a pas de prix. Kalire sautille d'un pied à l'autre, mal à l'aise car elle est constamment au centre de ces querelles. Les garçons de la famille ont rapidement appris à s'en éloigner le plus possible. Ils s'écartent dès lors que Cedrella entre dans la danse. Puisque à la fin, il n'en reste qu'un. Et c'est rarement la cadette volcanique qui s'avoue vaincue.« Maîtresse ? » siffle Elia. « Cedrella, ne m'oblige pas à aller lui ouvrir personnellement. » D'un geste agacé de la main, la jeune sorcière fait signe à Kalire d'aller ouvrir la porte. La petite elfe se dandine encore une mine, mal-à-l'aise sous le regard inquisiteur de la maîtresse de maison avant de filer à toute allure vers la porte. Cedrella adresse un sourire à sa mère et s'installe un peu plus confortablement sur sa chaise. Cedrella, elle a encore gagné. Elle fixe son frère. Avec Rosen, tout semble partir en fumée. Si Cedrella l'a vu, quelque fois, ses lèvres pincées et ses yeux vides de pensée, elle n'y fait pas attention. Il s'éloigne et elle ne le voit pas. Parce la petite colombe n'a les yeux posés sur sa propre existence. Elle monte en flèche, elle souhaite devenir quelqu'un et son ambition est un de ses plus gros défauts. Le sourire en biais et les cils qui se rabaissent trop rapidement, elle a toujours dit que la fin justifie les moyens. Cedrella, elle a toujours été la plus fourbe des trois, capable de jouer au solitaire et au poker sans craindre de perdre. Elle a des yeux partout et quand elle souhaite gagner, elle n'y va pas par quatre chemins. Mais Cedrella, c'est surtout une gamine capricieuse qui perd les choses qui comptent le plus, le traître, surtout, Rosen qui s'éloigne, la mascarade qui continue sans relâche. Elle perd ses biens les plus précieux et elle ne sait pas comment les remplacer, alors elle se rajoute des projets factices qui la tiendront éveiller jusqu'au lendemain. Son père lui dicte sa conduite et elle obéit. Parce qu'au fond, elle sait que lui, il ne partira pas. Elle est son petit trésor et elle ne craint rien. Il ne lui fera jamais de mal, pas vrai ? (juste la manipuler, ce n'est rien, vraiment rien.) Il tient trop à elle. Beaucoup trop. Et ça la rassure. D'être importante pour quelqu'un. Parce que son père ne veut que son bien. (le marionnettiste s'est pris d'affection pour sa poupée préférée.) Elle observe Rosen face à elle et se demande à quoi il pense. Il  n'a pas cillé, jamais. Il est perdu dans les méandres de son esprit. Elle a  l'impression qu'il est parti, lui aussi. Si loin qu'elle n'arrive pas toujours à le ramener. D'un coup de talon dans le tibia, elle tente de le motiver à parler. Cedrella le fusille du regard. Il devrait la soutenir, faire quelque chose !  De la famille, c'est bien Lysander le plus stoïque, pas Rosen. Rosen, c'est l'intelligent, le réfléchi. Cedrella, c'est l'impulsive, la fourbe, et Jacob ... le traître était le courageux, le débrouillard. Famille disloquée, il ne reste plus que des pans d'un passé brisé.


« Tu aimes ma compagnie, mais tu détestes être seul avec toi-même. Tu cherches toujours l'aventure pour oublier les choses importantes. Tu vis à coup d'adrénaline dans les veines, et tu oublies qu'il doit y couler du sang, et rien d'autre. » Des jours sans lendemains, c'est de ce genre-là qu'elle préfère. Ceux ou la nuit est infinie, ou l'eau noir du ciel coule sur elle comme un milliard de poignards qui la transpercent. La lune lui tombe dessus, s'échoue dans ses yeux. Un naufrage sur ses pupilles, les pommettes salies, elle sourit à la nuit. Le plic ploc incessant brise le silence, tout est question d'instinct et non de conscience. La pluie tombe, s'effondre. Le temps court derrière elle mais elle ne l'attend pas. Les lois terrestres ne lui appartiennent plus, elle flotte à tout vitesse avec une certaine finesse. Elle arme son bras et reprend sa course folle. La petite alouette vole, saute par-dessus les troncs d'arbres envoyés valsés. La créature ne s'arrête pas, jamais fatiguée. Plusieurs fois, elle tombe en jetant un Impedimenta qui ralentit sa proie, mais pas assez, malheureusement, jamais assez. Princesse devenue chasseuse, la violence de l'action lui compresse le coeur. Elle ne respire plus, son souffle se fane aussi vite qu'il a pu apparaître à sa naissance. Elle a l'impression d'être seule sur ce cas, de courir à la suite de la mort, lui hurlant qu'elle l'a oublié. Elle sait pourtant que ses complices courent derrière elle, grelottant et frissonnant des gouttes qui s'échouent dans ses cheveux. Elle le sait parce que dans un passé lointain, elle les entendu. Cedrella, elle, elle n'a pas froid. Elle lui court après depuis des semaines. Toujours au même endroit, toujours les mêmes victimes trop stupides. Le plan était, à ses grands yeux bleus, parfait. Elle ne comprend pas pourquoi ça a foiré. Pourquoi maintenant, elle doit lui courir après. Et ça l'agace, ça l'agace tellement d'échouer à quelque chose d'aussi simple. Quelque chose d'aussi primitif. Quelque chose qu'elle a l'impression d'avoir inscrit dans le sang. Elle a fait ça mille fois, elle les a attrapé, elle s'est blessée, elle est tombée, elle a perdu des facultés, mais jamais elle n'a échoué. Elle continue de courir tandis que son premier complice tombe, mordu ou griffé, elle ne sait pas. Le plus stupide de tous, ça ne l'étonne même pas. Sans regret, sans remord, sans conscience ni effort, elle hurle. « BOMBARDA. » Et le corps explose, le loup voltige d'un mètre ou deux, pas plus. Elle n'a pas de mort sur la conscience, jamais, elle a fait ce qu'elle devait faire. Le loup va se relever il n'est pas blessé. C'est tellement peu. Les autres commencent à s'afférer aux alentours tandis que l'hideuse créature se redresse. Elle est immense et plus horrible encore que Cedrella n'en a jamais vu. Un instant, elle s'arrête. La bête se tourne vers elle et avance, trop vite, se dandinant dangereusement. Son souffle se bloque dans sa gorge et elle observe la créature qui l'effraie tant. Une forme d'inconnu. Au loin, la pleine lune brille de mille feu. La pluie tombe encore. Plic, ploc. La mélodie sans fin qui lui vrille les oreilles. Et son monde qui s'effondre. Sa peur qui revient avec tellement de force qu'un instant, elle ne sait pas si elle va y arriver. Encore un jour sans lendemain pour lui. Loup-garou. « Stupefix ! » finit-elle par hurler. Le sortilège est anodin, presque inutile, mais ça le retiendra suffisamment pour que les autres fassent leur partie du contrat. Le loup s'arrête un instant et les autres s'affèrent, tout finit par rentrer dans l'ordre. Mais Cedrella ne bouge pas. Elle, elle reste là, à observer la lune qui décline lentement mais surement. L'adrénaline retombe et la peur lui retourne l'estomac. Oui, des jours sans lendemains, c'est ceux-là ses préférés. Parce que rien n'est décidé d'avance. Parce que le monde est à ses pieds et elle n'a qu'à tendre la main pour l'attraper. Parce que la peur et la colère se mêlent, car toute sa frustration accumulée, ses larmes oubliées, sa colère infondée, elle les déverse sur eux, ces erreurs, sur eux, ces malchanceux. Parce qu'encore un fois, Cedrella entre dans la danse, augmente la cadence. Et à la fin, il n'en reste qu'un. Difficile de croire que c'est Cedrella qui desserrera les crocs.

Prochaine étape ? Fort William.

tu gères (c'est super AAAH, les montague ont la classe )

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