THÈME ÉCRIT (3) : l'instinct du chasseur
La destruction. C’est une course à travers bois pour récupérer une gamine, une petite pyromane bien trop téméraire. Il avance doucement, baguette en main. L’autre court, tente de s’enfuir le plus loin possible du Cerbère, mais Malazar est un homme patient, il est capable de savourer une chasse. Cette traque lui rappelle quelques épisodes de l’enfance, lorsqu’il courait à travers bois pour trouver des animaux, lorsqu’il allait abattre les cerfs pour déchirer la carcasse. Aujourd’hui, l’idée est similaire, la gamine n’est qu’un animal, une bête à abattre et rien de plus. Ce ne sont pas des humains qu’il voit, mais une sous-race, des résidus ne demandant qu’à être exterminés pour purifier ce monde. Le costume qu’il porte, impeccablement coupé, c’est un outrage pour l’acte qu’il va commettre, mais c’est toujours ainsi, une élégance hors de propos lorsqu’il doit aller verser le sang. C’est une fête, une célébration en l’honneur de quelques dieux païens. Sa voix s’élève à travers bois : « courrez mademoiselle, mais évitez les pièges » soudainement, c’est un cri qui retentit. Puis une mâchoire de métal qui se referme sur sa proie. Il a gagné, encore. Malazar prend son temps pour la rejoindre, il sait qu’elle ne peut pas s’enfuir et si jamais elle réussissait à défaire le piège, la jambe est blessée, endommagée pour un long trajet.

« Voudriez-vous que je coupe votre jambe… pour vous aider à vous échapper, bien entendu » Il est accroupi aux côtés de celle qui essaye de se dégager du piège, mais les sortilèges sont inutiles, c’est de la magie noire, et la blanche est inefficace. Il observe le spectacle avec un amusement qu’il ne peut pas feindre. C’est toujours intéressant de les voir pris au piège. Les abattre froidement n’apporte rien, pas même un frisson de plaisir. Il faut savoir apprécier la chasse, ce que nombre de mangemorts n’ont apparemment pas compris.

« Tuez-moi » Clame celle qui n’est qu’une enfant à ses yeux. Dix-sept ans ? Ou légèrement plus, mais ça n’a aucune importante. Cinq ou soixante ans, la question est la même, celle de l’humain, là où lui n’y voit que de la putréfaction. Un dégueulis d’impureté qu’il doit à tout prix supprimer. « C’est ce que je suis en train de faire. Le métal est imbibé de poison » Répond t-il le plus calmement du monde. L’autre panique, tente à nouveau de se défaire, mais les dents s’enfoncent plus profondément dans la cheville. Malazar penche la tête de côté, observe comme le font les enfants devant un spectacle fascinant. Beaucoup sont écoeurés par les hurlements, la vue du sang, et les corps décharnés, lui, c’est tout le contraire, il aime, en veut toujours plus. Et voilà que le poison agit enfin, rognant les chairs de l’intérieur. L’enfant se noie dans ses hurlements et lui reste là, observateur de son oeuvre, d’une grande toile. Malheureusement, personne n’est là pour admirer son tableau qu’il n’exposera pas ailleurs. Peut-être pourrait-il rendre le corps à la famille, avec une note ? Quelques fois il a usé de cela, avec un mot bref, expliquant que c’est le sort qui attend les Impurs.

« Pourquoi ? Pourquoi croyez-vous que nous sommes inférieurs » Parvient-elle à articuler. Il lève soudainement les yeux vers elle, s’arrime au bleu. Une si belle couleur qui va se ternir! « Ce n’est pas une croyance, c’est une certitude » La voix est toujours aussi posée, pas d’énervement, de tic nerveux, la mort ne l’a jamais effrayé, elle est comme une seconde ombre, fidèle amie qu’il emporte avec lui. « Je vais te raconter une histoire. J’avais une petite soeur, Hesperia, c'était son prénom mais elle est morte, et tu sais pourquoi ? Parce qu’elle était une cracmole. C’est à cause de la vermine comme toi que la magie disparaît » Le raisonnement était incohérent, mais il y croyait. Hespéria avait été achevée par le père fou en voyant qu’elle n’était pas sorcière.

L’autre secoue la tête, un sourire moqueur sur les lèvres. « Vous êtes stupide de croire cela. La magie ne se contrôle pas, même en éliminant tous les nés-moldus, elle choisirait toujours d’autres moldus et votre tâche est sans fin » Il ne veut pas voir qu’elle a raison, il ne peut pas songer à cette possibilité qui pourtant est une certitude. L’abattement de tous les nés-moldus est inutile mais Malazar veut croire le contraire. La baguette est levée, il veut la faire souffrir, lui faire ravaler ses paroles mais elle le met au défi, et c’est un éclat vert qui frappe le corps, laisse s’échapper la vie. « C’est faux… faux… faux » Il répète inlassablement les mots et tandis qu’il s’évertue à croire ses paroles, il déchire le corps de celle qui n’était qu’une gamine, il détruit les chairs, creuse la carcasse afin d’y trouver la magie qui doit se cacher quelque part. La libérer, ne pas laisser la magie dans un corps de moldu. Le sang ricoche sur son visage, ses mains, son costume. Il se recule soudainement, comprenant sa folie. Il n’existe plus rien de celle qui l’a affronté, juste un épanchement de haine.