THÈME ÉCRIT (1) : l’exécution publique
   Nous sommes le premier mai de l'année 1998. La grosse horloge Big Ben sonne midi. Un échafaud a été monté à l'occasion en plein cœur de Diagon Alley. Les agents du ministère et des mangemorts entourent les lieux, des prisonniers montent sur l'estrade dont Hermione Granger ou encore Dean Thomas. Ils sont tous menottés et silencieux. La foule s'amasse et plusieurs rayons verts frappent un à un les prisonniers. Vous êtes là, dans la foule et vous ne dites rien. Sans un mot, vous assistez à l'exécution de chacun de ces gens. Vous êtes surpris, choqué, effaré, heureux de voir enfin ce monde sombrer vers les ténèbres ? Merci d'appuyer ici sur la psychologie de votre personnage, ce qu'il ressent, les émotions qui le frappent à cet instant, quand l'espoir s'envole.

La foule se presse autour de l'échafaud qui a été monté pour l'occasion. Le silence est pesant, presque religieux, seul le murmure du vent se fait entendre à tes oreilles engourdies par le froid. Tu es là, debout, seul, les bras ballant. Tu attends quoi au juste? Tu fais quoi ici? Pourquoi tu ne fais rien? Ta peau d'ébène luit sous la lumière du soleil gris. Le ciel semble pleurer avec toi les évènements à venir; il est gris, gris comme ton âme, gris comme tes souvenirs. Dans cette foule dense, beaucoup sont comme toi; voûtés, désespérés, attristés, coléreux. Tu le sais, tu le devines à la façon dont ils raidissent leurs membres, à la manière dont il fixe résolument le sort, au temps qu'ils mettent à respirer; ils sont comme toi, ils font comme toi. Tu sais très bien ce qu'il va se passer, chaque personne sait à quel spectacle macabre elle va assister. Tu as peur, tu as peur de ce qu'il pourrait arriver, de la façon dont les choses pourraient très vite tourner. Oui, tu as peur, même si tu fais tout pour ne pas le montrer. Tu prends une grande bouffée d'air pour te donner du courage, pour te donner une contenance.
Allez Lee, respires, prends sur toi.
Tu glisses un regard aux personnes autour du toi; la plupart sont abattues, la mine triste et tu les comprends, ô oui tu les comprends. Au fond de toi, malgré cet air courageux que tu gardes sur le visage, tu es abattu. Tu as mal, oui tu as mal Lee. Tu ne l'avoues pas, tu refoules cette douleur aigüe au plus profond de toi mais tu souffres de ce qui est en train de se passer, de ce qui est sur le point d'arriver. Tu aimerais bien faire quelque chose pour empêcher ce massacre, tu le souhaites de toutes tes forces à vrai dire mais que pourrais-tu faire? Lancer une centaine de bombabouse sur les mangemorts qui se préparaient à tuer tes amis d'enfance et tes deux meilleurs amis? Non, vraiment, ce serait ridicule. Et puis tu avais promis à George et Fred de ne rien faire, de rester en vie pour eux; tu comptais bien honorer cette promesse même si cela pouvait paraître égoïste. Tu leur avais juré de ne pas agir, de te retenir, de ne pas sortir ta baguette, de ne pas bondir sur l'échafaud quand on s'apprêterait à les abattre.
Dans le fond, tu savais bien que tu peinerais à te retenir, à enfermer cette haine sourde qui monterait en toi à double-tour au fond de ton coeur.

Soudain, une rumeur se met à parcourir la foule. L'agitation se fait omniprésente, la tension est palpable; les condamnés, tes amis, tes compagnons. Ils sont là, tu les vois, le teint fatigué et l'air hagard. Tu vois le professeur McGonagall; ton sang ne fait qu'un tour quand tu vois l'état dans lequel elle est. Jamais tu n'avais vu à quel point elle était si âgée qu'en cet instant même; ses rides lui donnaient l'air d'avoir deux-cent ans, elle était affaiblie mais elle ne perdait pas sa superbe; dans son regard brillait toujours cette même lueur de défi, de sévérité. Il y avait aussi Dean, suivi de Luna, Hermione et.... les jumeaux Weasley. Tu n'eus même pas le courage de citer tous les noms des personnes présentes; tu les connaissais tous, la plupart avaient été tes amis, tes proches à Poudlard. C'était injuste, comment tout avait pu tourner ainsi?
Question idiote, la réponse était si simple à trouver.
Tu te mordis la langue pour ne rien crier de malheureux; tu en avais fait la promesse à Fred et Georges. Les deux roux ne se séparaient pas de leur éternel sourire malicieux bien que faible, ni de leur regard rempli de défi. La mort ne semblait pas les effrayer plus que ça. Il te sembla croiser leur regard le temps d'un instant; était-ce un clin d’œil qu'ils venaient de t'adresser? L'ombre d'un sourire? Tu n'eus pas le temps de te poser la question car un flash vert les frappa de plein fouet quelques secondes plus tard; tu eus un haut-le-coeur tandis qu'un a un tous les condamnés chutaient les uns après les autres. Ton coeur se serrait, faisait des bonds à chaque nouveau flash vert. Le sort de la mort. C'était insupportable, tu ne pouvais pas rester comme ça sans rien faire!
Tu avais fait la promesse à tes deux meilleurs amis de ne rien faire, mais c'était trop dur pour toi de te contenir, il fallait que tu agisses.
Tu fis un pas en avant, mais un contact sur ta main te fait t'arrêter; c'était un contact léger et délicat mais tremblant. Tu tournes la tête mais tu ne vois rien; un petit sanglot te fait baisser le regard. Tu croises deux yeux marrons baignés de larme; qui est cette gamine? Tu ne sais pas, mais voir un enfant pleurer ainsi te chamboule au fond de toi. Avec douceur, tu t'accroupis devant elle, faisant abstraction de tout autour de vous deux. Tu te forces à oublier le temps d'un instant que tes amis..que leur corps est étendu sur cet échafaud à la vue de tous.
Tu enfermes cette douleur au fond de toi, tu en fais un ballon de foot et tu donnes un grand coup de pied dedans pour l'envoyer loin, loin, très loin de toi.
D'une voix douce tu tentes une approche; « Faut pas pleurer comme ça petit coeur. » Tu tentes un sourire, Lee, tu essayes de lui faire oublier tout ça. Elle n'est qu'une gamine, elle ne devrait pas avoir à voir ça; allez, emmène-la loin d'ici, aide-la à retrouver ses parents. « Va pas là-bas. Faut pas que tu bouges, sinon ils vont te prendre toi aussi. Comme mon grand frère. » Elle pleure la petite, elle continue de pleurer. Ses grands yeux innocents sont baignés de larme et le justicier au fond de toi est outré, haineux de voir tout ce mal fait à d'innocentes personnes.

Elle sanglote la petite, elle continue de sangloter encore et encore sans pouvoir s'arrêter. Alors, avec une tendresse infinie, tu la serres contre toi avec tes gros bras un peu maladroit; tu lui caresses les cheveux et tu la berces. Tes mouvements sont patauds, certes, mais tu es bien le seul qui ait tenté de la réconforter dans toute cette foule hagarde et amorphe. Au fond de toi, quelque chose s'est brisé; la foi. Mais ton espoir lui est resté intact, tu comptes bien faire changer les choses, pour cette petite, pour son frère, pour tes amis, pour les innocents.
Pour la liberté.