THÈME ÉCRIT (1) : l’exécution publique
   Nous sommes le premier mai de l'année 1998. La grosse horloge Big Ben sonne midi. Un échafaud a été monté à l'occasion en plein cœur de Diagon Alley. Les agents du ministère et des mangemorts entourent les lieux, des prisonniers montent sur l'estrade dont Hermione Granger ou encore Dean Thomas. Ils sont tous menottés et silencieux. La foule s'amasse et plusieurs rayons verts frappent un à un les prisonniers. Vous êtes là, dans la foule et vous ne dites rien. Sans un mot, vous assistez à l'exécution de chacun de ces gens. Vous êtes surpris, choqué, effaré, heureux de voir enfin ce monde sombrer vers les ténèbres ? Merci d'appuyer ici sur la psychologie de votre personnage, ce qu'il ressent, les émotions qui le frappent à cet instant, quand l'espoir s'envole.

La foule s’amasse autour de l’échafaud. Les corps se pressent et se bousculent sans faire attention à ce qui les entoure. Ce qui se dresse devant son regard n’est rien de plus qu’une cohue parfaitement maîtrisée. Les visages sont pâles, fermés pour la plupart. Certain sont tendus, d’autres laissent apercevoir une profonde tristesse. Et un désespoir qui pourrait paraître touchant à celui qui s’attarde sur ces traits. Ceux d’un homme en revanche, conservent l’implacabilité qui leur est propre. Rien ne change dans la physionomie de cet être qui s’avance au milieu de la foule. Leste, malgré sa taille imposante, les ombres alentour évitent de le toucher, se recroquevillent face à l’aura sombre que dégage cet homme. Son simple nom évoque un malaise et force à courber l’échine. Lucius Malfoy dans tout ce qu’il possède de plus froid, paré de sa plus belle splendeur médisante, il toise ceux qui osent rester au milieu de sa route et croisent son regard. Enfin il s’arrête, à quelques mètres de l’échafaud. Le spectacle en devenir offre la promesse d’une réjouissance des plus satisfaisante. Dans les tréfonds de son corps, il sent le murmure d’un plaisir macabre en train de s'éveiller. Lucius scrute la scène d’un regard inquisiteur, se perd dans la contemplation du moindre détail, et sur ses lèvres jusqu’à lors serrées se dessine l’ébauche d’un sourire carnassier. Ses sourires ne sont que des ombres, un infime changement sur la surface lisse de son visage. Un tremblement qui vient conférer à cet être une expression qui jure avec ce que renvoie sa stature. Les sourires, ceux qui viennent du cœur, il en a oublié la saveur depuis longtemps. Ceux qu’il arbore aujourd’hui ne sont que des façades, il s’en pare pour satisfaire le besoin latent de ses congénères à voir une expression s’afficher sur ses traits. Mais dans le bleu polaire de ses yeux, l’histoire est toute autre. Une profonde fierté incendie son regard d’acier, et avec elle, la lueur d’une satisfaction nouvelle.

L’espoir s’envole alors que les condamnés montent les marches. Il s’envole pour certain, mais pour lui, c’est l’avènement d’une nouvelle ère. Le renouveau de ses espoirs et de ses croyances les plus profondes. S’ils sont regroupés ici en ce jour, amassés autour d’un échafaud à attendre l’heure du premier supplice, c’est grâce à lui. Grâce à Draco, et au rôle qu’il a joué dans la destruction de cet élu de pacotille. C’est le sang des Malfoy qui a insufflé ce souffle de changement. Et cette fierté d’avoir été l’une des pierres, voire la première, à être apposé sur l’édifice en train de se construire sous ses yeux le grise. Le premier rayon vert inonde la scène, un tressaillement parcourt la foule et Lucius se surprend à partager ce frisson. Il le sent qui dégringole le long de son échine, en une magnifique caresse qui lui incendie la chair. Il regrette presque l’absence de son épouse. Narcissa. A chaque fois qu’il s’évoque ce prénom, il attend, guette, cette chaleur qui lui dévorait le ventre et le cœur au début de leur union. Mais rien. Même son cœur reste de marbre et ne dérange pas l’ordre des notes de la lente symphonie qu’il est en train de jouer. Son corps est mort, Lucius n’est plus qu’une simple enveloppe contenant une immensité de noirceur qui le dévore un peu plus chaque jour.

Immobile, il sent enfin quelque chose qui tire sur sa cape. Avec lenteur, le mage baisse la tête et pose un regard dédaigneux sur la créature qui l’importune en un tel instant. Les petits doigts arrêtent de tirer sur le pan du vêtement et une profonde crainte se lit soudain sur le visage du petit sorcier haut comme trois chaudrons. Ses yeux s’écarquillent, il en ouvre la bouche puis dans un battement de cils et avec toute la gravité du monde, il tend brusquement les bras en direction de Lucius. Qui se défait de ce spectacle pourtant touchant pour reporter son regard sur les exécutions. On tire à nouveau, et lorsqu’il regarde une fois de plus à terre, le petit sorcier tend encore les bras. Malfoy hausse alors un sourcil, cherche du regard les parents du gêneur. Son exploration se solde par un échec, alors il se voit contraint de reporter son attention sur le petit. Sa bouche se crispe et quelque chose d’étrange frappe contre son cœur. Il cède enfin, poussé par une volonté qui surpasse celle de sa froide impassibilité, et il ploie le genou pour prendre l’importun dans ses bras afin de le hisser à hauteur de ses épaules pour qu'il puisse lui aussi savourer le spectacle. Pendant les minutes qui suivront, Lucius a alors la sensation d’être revenu en arrière. De tenir Draco contre son cœur. Et ces bras qui lui enserrent le cou apportent un certain réconfort dans son cœur. L’éclat fugace d’une tendresse disparue se dessine alors sur son visage, puis disparaît dans un éclat d’émeraude. Il scrute la sorcière qui se dresse seule au milieu des corps sans vie de ses comparses. Granger. Misérable sang-de-bourbe dont la simple vue lui retourne les entrailles. Il a pendant un instant l’impression qu’elle l’a vu et qu’elle le fixe. Que son regard perçant s'incruste au plus profond de sa chair. Il ne sourcille pas, et cette fois, l’ersatz de sourire qu’il affichait ce change en une véritable manifestation de plaisir. A l’instant où le dernier rayon incendie Diagon Alley. Les êtres inférieurs ont été détruits, montrant l’exemple pour toutes les autres impuretés qui foulent encore cette terre.

Tout ceci n’était que le commencement d’une suite d’événements qui apporteraient la douleur dans les rangs de ceux qui ne méritent pas le rang de sorcier. La foule sort doucement de sa léthargie et commence à quitter les lieux. Lucius aussi abandonne son immobilisme et s’apprête à reposer son fardeau à terre quand ce dernier s’octroie le droit de s’agripper plus fortement à son cou. Sans qu’il ne sache pourquoi, une vague d’appréhension lui broie la gorge, et le petit l’embrasse furtivement sur la joue. La marque d’affection et le remerciement silencieux qu’elle porte le laisse pantois. Il repose l’enfant tel un automate, indigné devant tant d'audace, profondément choqué d’avoir été la victime d’un tel élan de candeur. Il s’insurge intérieurement d’avoir fait preuve de faiblesse mais il réalise que dans sa poitrine, l’organe rabougri a frappé plus fort. Le début d’une ère nouvelle, de temps sombres qui marquent l’avènement de la pureté du sang. Et de Lucius Malfoy. Il se racle la gorge, se redresse et dans un tourbillon d’étoffe aussi noire que l’ombre qu’il peut être, le mage s’éloigne sans jeter un regard en arrière. Cet éternel sourire amer et glacial, toujours apposé sur ses lèvres. Le trouble n’est alors plus qu’un mauvais souvenir, qu’il range avec tous les autres.