]Le spectacle était particulièrement décalé. Draco n'aurait jamais imaginé qu'il allait rentrer de sa journée de travail au ministère et trouver sa mère dans le canapé, un verre de champagne bien français à la main et le regard trouble. Combien de verres avait-elle bu auparavant pour être dans cet état ? Les longs cheveux d'un blond similaire à celui de son fils étaient détachés et ses jambes, remontées sur le sofa de cuir qui ornait le petit salon d'été. « - Tu ne devais pas avoir une soirée avec père ? » lança Draco en retirant sa veste. Il portait son costume de la brigade. Il avait le visage fatigué, cerné et sa flasque qu'il remplissait chaque matin d'un excellent scotch, vide. Le regard de Narcissa se posa dessus un bref instant. « - Non. Ton père a jugé plus intéressant de passer une soirée chez les Vladerov et je n'étais pas conviée. Cela dit, je préfère. Je n'aime pas ces russes. Ils sont grossiers et ils préfèrent la bouteille à leurs femmes. Je ne m'y voyais pas. Je suis bien mieux ici... Avec mon fils. » conclut-elle en passant sa main sur Mordred, le chat noir de la famille qui venait de sauter sur le sofa pour réclamer l'attention de sa maitresse. - Je te comprends. Il n'y a rien de plus épuisant que ces dîners. On raconte que les russes ont des coutumes étranges. Ils aiment la viande crue, le savais-tu ? C'est Cersei qui m'a raconté cela. » Le regard de Narcissa changea d'expression. Elle n'aimait pas Flint, c'était une jeune femme qui pouvait rendre son fils encore plus mal qu'il l'était, mais elle ne s'attarda pas sur ce sujet. Elle vida son verre doucement avant de le poser sur la table basse près d'elle. - Ton père ne m'aime plus. » lâcha-t-elle comme une bombe. Puis elle ajouta d'un air cynique, presque rieur - M'a-t-il seulement aimé... » Draco ne répondit pas. Que dire ? Il avait bien remarqué à quel point son père et sa mère s'étaient éloignés. A table, ils ne parlaient plus. Lucius ne partageait même plus la même chambre que sa femme. C'était triste, mais que pouvait-il faire ? Rien. Il entra dans le petit salon et d'un geste de la main, ouvrit un buffet où les alcools étaient contenus. Autrefois, les bouteilles de Draco, ses amies, étaient là. Aujourd'hui, il n'y avait plus rien. Interloqué, il tourna la tête vers sa mère. Son regard parlait pour elle. Narcissa avait tout vidé. Il était temps d'agir et de sortir son fils de son propre enfer, de son alcoolisme chronique. - Mon père voulait de l'argent et un héritier pur, alors il m'a marié à un blason de choix. J'étais naïve, belle, mais stupide. Draco, tu es mon fils et tu as vécu des choses que tu n'aurais jamais du vivre pour ton âge. Je suis responsable, j'aurai du agir. J'agis. » le fils de la sorcière ne répondit pas immédiatement. Il se contenta de pouffer de rire faiblement puis de faire demi-tour vers le couloir. - Il est trop tard, je le crains. » Narcissa l'observa jusqu'à ce que son fils disparaisse derrière une porte. Il n'était pas trop tard. Elle avait bel et bien l'intention de sauver son fils, de lui tendre la main de gré ou de force et de faire disparaître les démons qui les rongeaient.