Le vent souffle dans sa chevelure alors que la mélodie qu'elle s'invente hante son esprit. Elle aspire la chaleur que lui procure le feu et dépose des baisers silencieux sur les flammes. Elle inspire longuement, laissant un léger filet de larme coulée le long de sa joue. Il est mort. Ils sont morts. Harry, Hermione et tant d'autres. Son ami Luna, tout le monde était mort. Elle frémit, frissonna avant de repousser les larmes qui coulaient encore plus ou moins. La vie ne lui était que miséricorde. Elle ne lui offrait rien que le pouvoir de respirer et de sentir la douleur bercer son antre. Elle ne voyait que mort et poussière. Dans sa triste douleur, elle s'assoupit dans les ruelles de Bristol, caché derrière des poubelles.

Le tintement de la porte résonne alors que l'ombre qui se tient devant baisse la tête, évitant de recevoir encore plus d'eau dans les yeux. Ce ne fut que quelques secondes plus tard qu'une nouvelle figure asiatique ouvrit la porte avant de regarder la personne en face d'elle. Son propre reflet, son propre sang, se tenait devant la porte. Les yeux rouges bouffis de larmes scrutaient la jeune Cho, encore faible. « Cho ... » La voix se voulait douce, mais elle se reprit sur la fin pour être plus cassante, plus brisée. « Que fais-tu ici ? » Trop de froideur dans le regard de l'aînée, trop de haine que Cho pouvait percevoir, sans comprendre. « Yiling, tu m'as manqué ! » Elle s'approcha de sa soeur pour l'enlacer, mais celle-ci la repoussa directement avec une haine des plus fatales. « Ne me touche pas. » Elle lui ferma la porte au nez, laissant l'enfant perdu sous la pluie, les larmes encombrant son visage. Elle ne pouvait bouger, ses muscles ne supportaient pas la douleur de son cerveau et elle espérait qu'un coup de tonnerre s'abatte sur elle. La porte s'ouvrit de nouveau, avec la belle Yiling portant un petit sac plastique avec de la nourriture et de l'argent. « Prends ça et ne reviens jamais. Et Cho, si tu viens à mourir, passe le bonjour à ton neveu. » Puis ce fut un choc. La porte se fracassa de nouveau et se fut l'écho de trop pour Cho, perdus dans ses propres pensées aussi sombre que la nuit. La culpabilité rongeait son âme. Elle devenait faible, encore plus qu'elle ne l'était. Et ça elle ne pouvait le supporter. Elle avança doucement, hors du petit chemin de galet. Elle hésitait encore à laisser le sac là, mais elle savait que sa soeur le faisait pour l'aider. Le reposé serait une insulte pour elle et son éducation. Alors elle vagabonda dans la rue avant de pouvoir trouver un coin tranquille et pouvoir enfin manger un bout. La bohème le savait, son périple ne s'arrêtait pas là et la lutte pour retrouver une âme pure ne sera jamais terminé. Jamais elle ne pourra s'enlever les nombreuses morts sur sa conscience. Mais rester assise, figée, sans rien faire, n'est autre qu'une insulte en plus pour les morts. Elle se devait d'être forte. Il le fallait.

Le coeur de Cho battait encore plus fort qu'avant. Elle avait enfin trouvée une source. Enfin une envie de vivre et de pouvoir respirer. Alors c'était vrai. La résistance existait belle et bien. Les compatriotes d'Harry Potter avait réussi à former une brigade et ce fut pour Cho, une des plus belles nouvelles qu'elle apprenait. Elle vivait toujours dans la rue, dans les bois, dans les maisons abandonnées. Tout ce qui pouvait lui servir de logis pour peu de temps, elle le prenait. Elle ignorait si la Brigade Rouge l'avait repéré, mais de ce qu'elle pouvait voir ou vivre, elle n'avait pas eu affaire à eux. Et ça l'arrangeait bien. Elle parcourait le territoire anglais à pied, vagabondant comme toujours avec sa besace et son air pâle habituel. Elle marchait, avec espoir de les trouver, sans vraiment savoir. Elle n'entendait que les messes basses et se méfiait de n'importe qui. La paranoïa l'avait rongé et vivre dans la rue pendant trois ans n'avaient pas apaisés ce trait de caractère, au contraire. Elle avançait sans relâche, bousillait ses godasses et avançait toujours. Vint un moment où avancer ne servit à rien. Elle tomba. Peut-être étais-ce la dernière fois qu'elle admirait le soleil anglais. Peut-être étais-ce la fin et que son âme allait être en paix. La bohème espérait ne plus ouvrir les yeux, pour toujours. Avachi dans l'herbe, son ventre caressé l'herbe tandis que sa chevelure recouvrait la majeure partie de son visage maigre, mort de faim de et sommeil. Ses paupières furent fermés rapidement et dans sa chute, elle sombra. Elle n'y voyait rien, juste le trou noir. Elle aurait espéré y rester, mais quelques heures plus tard, un individu qui connaissait plutôt bien la jeune femme trouva son corps - ou son cadavre qui sait -, avant de se rendre compte de qui il s'agissait. Il poussa peut-être un cri. Peut-être était-il surpris. Personne ne connaîtra sa vraie réaction. La seule action qu'il fit, ce fut de prendre le corps de la jeune-femme et de la porter sur ses épaules, pour la ramener à son refuge et enfin la protéger. La bohème avait sa chance dans la vie. Et la mort qu'elle croyait lui tomber dessus, n'était autre que le souffle de la vie.