"C’est ma mission Amycus, j’irai donc seule." Alors qu’elle s’apprêtait à transplaner, Alecto se ravisa et se rapprocha de son frère jumeau, jusqu’à ce que leurs deux corps se frôlent. Elle se saisit de sa main, entremêla ses doigts dans les siens puis plongea son regard flamboyant dans le sien. Enfin, elle déposa un baiser sur le coin des lèvres de son amant, dont elle sentit le corps vibrer de plaisir. Elle était pardonnée. La conscience apaisée, Alecto livra son corps aux ténèbres, tourbillonnant dans cette fissure de l’espace-temps. Terres et mers défilaient devant elle sans qu’elle eût le temps de discerner le moindre paysage. En une fraction de seconde, une montagne aspirait une vallée  avant d’être elle-même avalée par les eaux sombres d’un lac. Elle était la tempête dans le ciel, en même temps que le feu et la glace sur la terre. Elle était au-dessus de tout, une force indomptable, un pouvoir destructeur. C’est alors qu’elle l’aperçut, là-bas au loin, cette forme noire qui se découpait sur un horizon désolé. Et avant même d’avoir le temps de réaliser qu’elle touchait au but, elle y était. Une silhouette sombre se tenait debout au milieu de l’endroit, immobile.  "Bonsoir, Slawomir." L’homme en question se retourna avec sursaut.  Ses yeux s’agrandirent de peur lorsqu’il reconnut le visage de celle qui venait de l’interpeller. Sa baguette était posée sur un autel, à moins d’un mètre de lui. Au moment où sa main commençait à se diriger vers elle, Alecto lui lança un regard désapprobateur en élevant sa propre baguette dans sa direction. "Allons, je n’ai pas parcouru un si long chemin pour que tu en oublies les bonnes manières, Slawomir." Un rictus se dessina sur ses lèvres, avant de se transformer en un fou rire incontrôlable. Cet accès de démence déformait les traits habituellement si fins de son visage, la rendant effrayante. Des flammes semblaient danser dans ses yeux de calcédoine, et un frisson traversait son corps à mesure qu’elle se nourrissait de l’angoisse de sa proie.  "C’était imprudent de ta part de venir te réfugier ici. Tu aurais dû te douter que c’est le premier endroit où l'on se rendrait…  Je suis déçue Slawomir, tu me rends la tâche presque trop facile." D’un coup de baguette, des liens vinrent se nouer autour des poignets et des chevilles du captif. Alecto s’avança vers lui d’un pas calme, ses talons claquant contre la pierre. Sa baguette, qu’elle tenait collée contre elle, s’étira comme du réglisse, venant glisser sur la surface du sol, tel un serpent d’ébène. Elle déchira la chemise de sa victime, puis griffa son dos nu avec ses ongles. Celui-ci laissa échapper un cri de douleur, suffisant pour faire s’envoler les oiseaux de la charpente, mais qui n’était rien en comparaison avec ce qui l’attendait. Il n’y avait plus aucune sérénité sur le visage d’Alecto au moment où elle abattit son fouet magique sur sa proie, seulement de la colère et de la haine.  Les hurlements de l’homme résonnèrent dans toute l’antique bâtisse, et au-dehors. C’était une chapelle abandonnée, perdue dans la campagne polonaise, à l’intérieur de laquelle personne n’avait mis les pieds depuis de nombreuses années. Des gouttes de sang perlaient sur la peau tailladée de l’homme. Les gouttes se rejoignaient ensuite pour former de minces filets couleur pourpre, qui s’écoulaient en suivant la ligne tracée par son échine dorsale. "Ton sang est pur" dit-elle en passant son index ensanglanté sous les narines, alors que l’homme gémissait, le corps suspendu dans le vide. "Mais je sens quelque chose qui le gâche… Une odeur infecte... Oui, c'est ça... L’immonde effluve des traîtres !" Elle cracha ce dernier mot à la figure de son prisonnier tout en fendant l’air d’un ultime coup de fouet, fatal. Le dénommé Slawomir s’effondra sur le sol, la peau lacérée par la violence d’Alecto, le visage pétrifié dans une expression de souffrance. La seule chose qu’Alecto admirait chez ces souillures de Moldus, c’était leur disposition pour les châtiments corporels. Le corps à corps avait, selon Alecto, le pouvoir de faire ressentir toute la douleur de sa victime. La Mangemort se délectait de cette douleur, elle en aspirait le suc jusqu’à la dernière goutte. Sa mission achevée, elle pouvait retourner auprès de son frère, dont la présence à ses côtés commençait déjà à lui manquer. Elle se sentait presque vulnérable. A son retour, il l'attendait.

NOTA BENE : J'ai volontairement choisi le thème écrit pour pouvoir m'accorder ensuite avec l'histoire d'Amycus, pour qu'il n'y ait pas trop de discordances.