« Anya, il faut que tu viennes à la maison, Cole m'a enfermé chez moi et ma baguette est dans ma chambre, qui est aussi fermée à clé ! » L'avantage, avec Anya, c'est qu'elle ne posait pas de questions. Silencieuse, elle observait et comprenait tout très vite. C'est la seule serpentarde de la famille. Et aussi la plus brillante dessinatrice qu'Esmé a pu rencontrer. Cinq minutes plus tard, un bruit sourd se fit entendre... Si Anya semblait calme et timide, elle avait tendance à tout démolir sur son passage... Comme la porte d'entrée, qui venait de s'effondrer sur le sol... Mais il n'y avait pas de temps à perdre, elles devaient être à 7 heures tapante au magasin. Esmé prit sa douche et se prépara en quatrième vitesse, et les deux filles se transplanèrent sur le chemin de traverse.

A 7 Heures 10, les deux filles étaient devant le magasin, tout sourire. Mme Guipire les fit entrer et elles s'installèrent pour discuter autour d'une tasse de thé. Après avoir échangé quelques commodités d'usage, Esmé se leva pour essayer l'une des robes afin de faire les premières photos. Le photographe en question ne devait plus tarder. Mais à peine eut-elle le temps de se mettre sur ses deux pieds qu'une explosion la fit se précipiter contre la fenêtre. Les deux femmes la rejoingnèrent immédiatement: Un convoi se faisait attaquer, et deux dragons se tenaient face à des sorciers qui se battaient sans répit. Anya voulait sortir afin de comprendre ce qui se passait, mais la propriétaire de la boutique l'en dissuada. Les attaquants s'avançaient de plus en plus vers les boutiques, et Esmé reconnu distinctement Ethan, en plein duel avec un brigadier. « Mais, c'est ton frère, là... Il ne fait pas parti de l'attaque, quand même ? » Si, Esmé comprenait tout maintenant. Ses frères ne voulaient pas qu'elle se rende sur le chemin de traverse pour ne pas voir ce qui allait se passer. Un second brigadier vint aider le premier, mais elle vit Cole se précipiter pour aider son frère. Encerclé, les brigadiers se regardèrent et le premier remonta sa manche et appuya sur son bras avec sa baguette. « Les filles, ne regardez pas ça, eloignez-vous ! » La vendeuse tenta de les faire reculer, sans succès. Esmé ne pouvait pas quitter du regard Cole, qui s'appretait à les attaquer. Ethan saignait et il avait du mal à marcher. Esmé eut à peine le temps de voir Cole lancer son attaque que les vitres explosèrent. Les deux cousines furent propulsées à l'arrière, et Esmé se retrouva avec un grand morceau de verre dans le bras. Anya s'en sorti avec une égratinure. « Esmé, tu saignes ! » Mais cela importait peu à la jeune fille. Ses frères se battaient, tentaient de sauver leurs vies et d'aider les autres. Elle avait peur pour eux, elle n'avait qu'une envie, que le temps s'arrête et qu'elle panse leurs blessures, qu'ils pensent à elle, à leur mère, à la petite... Elle se releva difficilement, et, à quatre pattes, elle s'approcha de la fenêtre brisée. Anya tenta de la retenir, mais la détermination d'Esmé était plus forte: il fallait qu'elle vérifie si ses frères allaient bien. Un cri déchirant la fit accélérer: C'était le même que celui que Cole avait poussé en découvrant la tête de leur père. Une fois à hauteur, son monde s'ecroula une seconde fois: Son frère, le plus agé, le modèle de la famille, le courageux, le préfet en chef, le père de famille, il était mort, allongé sur le sol, les yeux encore ouvert, et face à lui, un homme masqué, vêtu d'une cape noire. Esmé n'arrivait plus à respirer, elle ne trouvait plus l'air suffisant pour ses poumons, elle avait l'impression que son cerveau brûlait. Ses yeux étaient clos, elle ne pouvait plus les ouvrir, elle ne voulait plus affronter la réalité. C'était fini. Les larmes coulaient sans qu'elle ne contrôle quoi que ce soit, elle ne sentait plus son visage, elle ne sentait plus son corps. Elle ne pensait plus qu'à lui, aux moments où il l'a aidée, protégée, soignée, chouchoutée, elle, la seule fille, la princesse de la famille, la petite dernière adorée. Anya se tenait contre elle, les bras entourant Esmé d'un étau protecteur.

« Ne regarde pas, garde les yeux fermés, Esmé. » Mais Esmé voulait voir, voulait savoir ce qu'il faisait du corps de son frère. Il n'y avait plus personne, ils étaient plus loin, Cole avec eux, contre deux mangemorts et un brigadier. Il tentait de se battre contre des doloris à n'en plus finir: Il riait comme un dément, tremblant de tout son être, résistant jusqu'au bout. Et, quand, enfin, il s'effondra, le brigadier le menotta. Esmé savait qu'elle perdrait alors son second frère. Quand ils se transplanèrent avec lui, elle hurla. Elle hurla sa douleur, elle hurla sa brûlure, elle hurla sa perte, ses pertes. Aujourd'hui, elle avait vu ses frères mourir. Anya la baillona, la serrant contre elle le plus possible, elle qui avait aussi les larmes aux yeux. La vendeuse était assommée, assise entre les débris, perdue dans ses souvenirs. Esmé s'en inquiétait peu. À quelques mètres de là, il y avait le corps de son frère, et elle ne voulait pas le laisser aux mains du gouvernement: une image remonta à sa mémoire, le corps de Potter, exposé, mort. Elle ne voulait pas ça pour son frère, non, elle voulait l'enterrer, près de sa famille. Elle se releva en courant, ouvrit la porte défoncée sans ménagement, et se précipita sur son frère. Anya la suivait de près, protectrice à son tour, observant si un mangemort était près d'elles. « Esmé, il faut se dépêcher, prends ma main, je vais nous transplaner. » Les yeux bouffis et le regard éteint, Esmé tendit une main vers le visage de son frère pour fermer ses yeux une dernière fois. Ainsi, il semblait presque endormi, et Esmé put tendre sa main à sa cousine, se laissant emporter par le déplacement magique, sans rien ressentir.